13ème rencontre du Réseau TO
9,10,11 nov 2019. Partie 2 :
technique d’image, entrainement
au jokage, jeux, exercices, chant.
ENTRAINEMENT
AU FORUM AVEC UNE IMAGE PROJETEE par Nicole et JF
Nous
avons déjà travaillé les Images projetées, dans une précédente
rencontre.
Ces
images, mal nommées selon JF, devraient plutôt s’appeler « images
à projections » car il s’agit de proposer des images à un
groupe, pour que chacun puisse y projeter les situations et les
oppressions qu’il connait.
Pour
mémoire, les Images Projetées (IP) les plus connues:
-La
marche à 4 et celui (ou celle) qui voulait danser,
-l’image
« suisse » deux personnes assises côte à côte
montrent du doigt une personne au sol à côté d’une chaise
renversée
-« c’est
trop tard » où, sur 3 chasse alignées, 3 personnes répondent
à tour de rôle « c’est trop tard » à une personne
qui court les voir successivement.
-les
obstacles qui grandissent.
–
l’invasion du territoire: 4 chaises alignées, un femme assise un
bout, un homme vient s’asseoir… juste à côté d’elle
Nicole
nous avait aussi montré : « main droite, pas main gauche »
Naje
utilise souvent: « la femme battue »
Bastien
nous avait montré « la poignée de main ».
PROPOSITION:
utiliser une Image Projetée en remplaçant l’oppresseur,
pour
s’entraîner au forum,
pour
aider l’opprimé à mettre en scène sa proposition
avant
d’en jouer les conséquences.
Scène
muette. (j’ai gardé les noms des acteurs) Récit:
Fatima
accompagne Thaïs, la confie à Fabienne qui l’emmène à un
parcours d’obstacles. Elle l’invite à faire pareil qu’elle :
enjamber une chaise qui est au sol, puis grimper sur une chaise, en
sauter, applaudissements. depuis le début, Stéphane, en retrait,
observe et prend des notes. Le troisième obstacle est
infranchissable: deux (ou 3) chaises empilées l’une sur l’autre.
Mais cette fois Fabienne jette un coup d’oeil à Stéphane, serre
la main de Thaïs, lui montre l’obstacle, mais la laisse seule.
On
va commencer par remplacer l’opprimée. Mais qui est-ce ? Pour des
élèves, c’est souvent Thaïs, pour des travailleurs sociaux ou
des formateurs, c’est parfois Fabienne…
On
peut aussi utiliser cette image dans sa version de base: avec
seulement un opprimé (Thaïs) et un oppresseur (Fabienne) puis
ajouter (ou pas) Stéphane qui observe, ajouter (ou pas) Fatima qui
accompagne.
Quelques
interventions comme opprimée :
-proposer
à Fabienne de monter aussi sur la chaise.
-Solliciter
Fatima qui vient en soutien, au risque que Fabienne la mette à la
porte.
-Modifier
l’obstacle infranchissable,
-Détruire
l’obstacle pour passer,
-Passer sous l’obstacle plutôt
que par dessus !
Nous
avons toutes ces propositions en remplacement de Thaïs comme
opprimée.
On
remplacer maintenant l’oppresseur pour mettre en scène les
propositions, ddes spec-acteurs, et développer l’ascèse et le
loch ness de l’oppresseur.
On
demande à celle ou celui qui a joué l’opprimée de rester en
scène avec sa proposition, on s’entraîne face à lui, comme si
c’était un spec-acteur.
Les
idées pour trouver des moyens d’oppression ne nous manquent pas !
La question reste de savoir lesquelles favorisent l’expérimentation
du spec-acteur:
ON
ESSAIE DONC, L’UN.E APRES L’AUTRE (et on en discute à chaque
fois)
-Infantiliser
l’opprimée (comportement fréquent dans les oppressions).
-Evincer
Fatima (soutien possible) isoler l’opprimée, diviser pour mieux
régner.
-Faire
au contraire de Fatima un soutien pesant, dont il va être ensuite
difficile de s’émanciper.
-A
la place de Fabienne comme oppresseure principale, avoir l’air
d’aller très mal, puis …accuser l’opprimée de l’avoir fait
craquer. On n’ose plus contrer l’oppresseur de peur de le briser
! Résultat: il n’y a plus d’épreuve… mais quel en était
l’enjeu ?
-Décrédibiliser
l’opprimée dès le premier obstacle, lui faire perdre toute
confiance
-Se
moquer de l’opprimée qui a certes passé tous les obstacles, mais
qui a une tenue « ridicule », et surtout qui « manque
de grâce »… »pour une femme « ! (sexisme)
-Faire
en sorte que l’opprimée ne comprenne pas pourquoi «sa performance
ne vaut rien » ne pas valider, mais sans rien justifier.
-Humilier
aussi Fabienne en rendant son rôle inutile.
-Refuser
Thaïs dès le début, en lui enlevant les lacets de ses chaussures »
non conformes »
A
quoi ça nous fait penser ? :
A
une épreuve (artistique, examen, pôle emploi…), un jugement, ou
une démarche administrative (titre de séjour par exemple).
-On
peut aussi voir Fabienne comme opprimée, Thaïs comme victime, et
Stéphane comme oppresseur dans un milieu de travail social : les
travailleurs sociaux essaient d’aider les gens, et sont face à la
hiérarchie et à des urgences qui mettent la pression.
-Au
lycée, obliger des jeunes à choisir leur orientation en fonction
des bassins d’emploi et ne pas leur laisser le choix,
-En
milieu médicosocial refus de prendre en compte le handicap.
En
général, avec un groupe, on utilise d’abord l’image muette,
comme aujourd’hui, puis on accueille une (puis des) projection(s)
dans un milieu précis et là, la parole est autorisée, et les
acteurs s’adaptent à la situation qui concerne le groupe.
notes
de Camille ou Anne, revues par JF.
REFLEXION
SUR LE OU LA JOKE.R. E par Aude + intervention de JF
Bien
sûr, cetr apprentissage ne peut se passer de l’expérimentation, de
la pratique !
Quelques
notions qui nous semblent importantes :
Comme
joker-jokère, quelques besoins :
–
Combattre le sentiment d’impuissance du joker, (faut-il être très
savant?)
–
Avoir des outils pour savoir rebondir et faire les synthèses.
-…./….
-…/….
Propositions
pour faire nos synthèses (après chaque intervention, et plus
globalement)
–
Savoir quels éléments « d’analyse statistique » sont
utiles (le public, les intervenants: hommes / femmes / enfants)
–
Quels éléments esthétiques prendre en compte ? (les images
parfois fixées, gelées, l’occupation de l’espace, les
déplacements, les positionnements des personnages)
–
Quels éléments thématiques ? (quels types de stratégies sont
utilisés, quels arguments, quelles actions)
–
Quels processus à l’oeuvre au cours de la séance: les dernières
propositions se nourrissent-elles des premières? Qu’est-ce qui se
répète, est nouveau ?
–
A quel aspect particulier du modèle, de l’oppression, le public
s’est-il attaqué ?
Les
3 regards principaux du joker
–
S’occuper de son public, rester toujours en relation avec la salle.
–
Prendre soin de la personne qui intervient (avant, pendant, après)
–
et enfin: son équipe, on s’en occupe surtout avant et après le
spectacle, mais…ne pas l’oublier pendant, faire confiance, ne pas
brusquer.
Une
technique:
« STOP,
arrêt sur image » peut permettre au joker de questionner la
salle. De laisser voir une situation particulière. La salle est
capable d’intelligence collective.
La
posture plus encore que la technique
:
–
Comment rester sympa avec le public, quand il y a des propositions
oppressives ?
=
être clair sur où et à qui va notre solidarité. Mais: si le ou
la jokère juge elle-même, elle a alors une position
« surplombante » : il vaut mieux que les personnages,
quelquefois l’opprimé.e, se confrontent, eux, à la personne qui
intervient.
–
Ne pas oublier de questionner la salle.
–
Que peut faire le joker pour aider son équipe à montrer les
conséquences d’une proposition ? Y compris les propositions
violentes ?
=
proposer différentes TK d’images, proposer des « sauts dans
le temps » ou dans l’espace.
Aide
mémoire de Aude (positif) qui
s’adresse au joker :
BUSSAV
= Bienveillance
/ Unité
/ Sérénité
/ Sourire
/ Accompagner
/ Vocabulaire.
Aide
mémoire de JF (choses à éviter)
pour le joker et surtout les acteurs : BRIMES
= Bétonner,
Rond
(tourner en rond), Invasion
(de la scène, par monologue, aisance corporelle…) Magie,
(changer la volonté du personnage, ou en faire un zorro) Ecole
(faire un cours au spectateur) S
comme
Aude
propose un exercice d’entraînement,
« que
ferais-tu, comme joker.e si tu entendais cela » ?
Celles
et ceux qui ont une idée, comme joker.e, viennent en ligne sur
scène, et très rapidement chacun.e « balance » sa
réponse, ou son attitude.
Intérêt:
cela va très vite, on laisse les idées spontanées surgir
(ici,c’est sans risque !)
Limite:
certains jokers ont besoin de l’opprimé.e sur scène pour répondre
(elle n’y est pas dans cet exercice).
D’autres
exercices existent,
et certains groupes du Réseau TO mènent des stages « joker »
de 2 à 5 jours.
Résumé par jf d’après souvenirs et notes prises par Aude ou
Camille
JEUX EXERCICES, CHANT.
1)
Le voyage imaginaire
2) les questions (ou réponses?) différées
3)
le massage du boulanger
4) le mur
5)
chant « l’âge d’or »
LE
VOYAGE IMAGINAIREProposé
en nov 19, au cours de la 13 ème rencontre du Réseau TO, par Nicole
Charpail : missgriffassociation@hotmail.com
La
base du jeu : Par 2, une
personne voit, l’autre a les yeux fermés. Toute
parole est interdite.
1/
La personne qui voit imagine un lieu qu’elle veut visiter et une
aventure éventuellement associée (exemple : aller sur mars
poursuivi par les flics).
2/
Elle va y emmener son partenaire aveugle en essayant de lui
communiquer tout ce qui arrive (par le toucher, les bruits, des
actions, des émotions, la manipulation d’objets, Etc.) – (Rien
n’est interdit sauf la parole verbale). Pendant 10 mn au moins à
travers l’espace.
3/
À un moment donné du jeu, le joker doit indiquer que le voyage va
devoir bientôt se terminer, les couples sont invités à se poser
quelque part en fin de leur voyage. Chacun pourra alors raconter à
l’autre ce qu’il a vécu, il y aura donc deux récits (c’est
mieux de commencer par le récit de l’aveugle).
Note : Relativement à cette base, on insistera sur
le fait que l’aveugle est seulement aveugle mais pas dépourvu de
liberté d’agir, proposer, refuser.
La
variante qui a été ici proposée :
Les
deux partenaires (et non pas seulement le voyant) décident chacun du
voyage qu’ils veulent faire avant de partir « ensemble ».
Ils ne communiquent pas, donc a priori chacun sera « dans son
monde » bien qu’avec l’autre pour vivre ce voyage.
(On
peut rajouter des consignes supplémentaires et variantes, suivant
les groupes, les raisons de faire le jeu, la sensibilité des
personnes, leur état de confiance, leur expérience du jeu théâtral,
Etc. Par exemple insister sur l’invention aussi de personnages (ici
je serai un enfant, ou un prof, un parent, une personne handicapée,
ou un guide de haute montagne, un travailleur social, …),
l’invention de volontés précises (je veux ceci et cela, j’attends
ceci et cela de l’autre).
On
peut aussi travailler sur des thèmes précis relationnels, voire des
oppressions relationnelles, mais cela avec un groupe aguerri et en
parfaite confiance.)
4/
Retour de tout le groupe. L’intérêt du jeu est évidemment qu’on
s’y trouve ici « Personne », « Acteur » et
« Personnage » en même temps. En
toute fin de jeu, les retours de tout le groupe sont donc très
importants. Sur les plans
qu’on choisira d’aborder.
–
Jouer AVEC l’autre. Négocier, composer, proposer, accepter,
refuser, avoir sa place ou pas, Etc.
–
Imaginer, se prendre au jeu (plus facile en aveugle ou en voyant ?).
–
Mettre en scène, initier, lâcher prise, (plus facile en aveugle ou
en voyant ?).
–
Se responsabiliser, de quoi, par rapport à quoi…Etc…
texte
de Nicole missgriffassociation@hotmail.com
JEU
DES REPONSES DIFFEREES
proposé
par Mariemarilableu@protonmail.com
On
forme des cercles de 3 à 5 personnes.
Niveau
1de
difficulté : La personne A se met au centre du groupe, se
tourne face à la personne B. B lui pose une question simple. A
ne répond pas. Mais se tourne vers la personne C. C lui pose une
question simple, A (au centre) répond, mais
à la question de B ! (en
restant face à C). puis A se tourne vers la personne D qui lui pose
une question, elle répond à la question de C etc…
Niveau
2
: les questions ne sont plus simples, mais…deviennent
déroutantes !
Niveau
3
: les réponses se font maintenant avec un intervalle de 2
personnes :
A se met au centre du groupe, se tourne face à
une personne B.
B pose une question, A ne répond pas. A se
tourne vers C qui lui pose une question, A ne répond pas, mais se
tourne vers D, qui pose une question, et A
répond à B.
E pose une question,
A répond à C.etc…
Petit
échange:
c’est stimulant et source de quiproquos et de rires !
Mais
c’est aussi un entraînement pour le forum: apprendre se souvenir
de ce qui s’est dit juste avant, apprendre à différer les
réponses si c’est utile.
Texte de Marie,
marilableu@protonmail.com
revu par JF
Le
Mur: Jeu
de coopération/ Cohésion de groupe
proposé
par Léa (Et Toc) leagenet@gmail.com
Installation:
2 tapis de gym ; mis bout à bout dans la longueur, maintenus
droits par deux (3 ?) personnes.
Tout
le groupe commence d’un coté, et un tapis de réception est placé
de l’autre côté.
But
du jeu: Les
membres du groupe doivent s’entraider pour que chacun passe de
l’autre coté du mur.
Consigne:
distribuer
des rôles d’handicapés: non-voyant/ cul-de-jatte/ manchot,
il
peut aussi y avoir une personne dont le rôle est de ne pas avoir
envie de passer de l’autre côté.
Si
possible, ne pas ajouter de contrainte de temps car le groupe doit
prendre le temps de s’organiser.
Important:
A la fin, débriffer sur les ressentis de chacun et la communication.
Veiller
à la sécurité de chaque participant.
valoriser le fait d’avoir
réussi, et si ce n’est pas le cas, recommencer une autre fois !
Texte
de Léa, relu JF
UNE CHANSON
L’âge
d’or de Léo Ferré.(dispo
sur Youtube).
Chantée
à la fin du week-end par
Jacqueline.
contact@theatrepotimarron.com
Nous
aurons du pain doré comme les filles dans le soleil d’or
Nous aurons du vin
de celui qui pétille même quand il dort
Nous aurons du sang
dedans nos veines blanches
Et le plus souvent
lundi sera dimanche
Mais notre âge
alors sera l’âge d’or
Nous aurons des lits
creusés comme des filles dans le sable fin
Nous aurons des
fruits les mêmes qu’on grappille dans le champ voisin
Nous aurons bien sûr
dans nos maisons bohèmes
Tous les becs d’azur
qui là-haut se promènent
Mais notre âge
alors, sera l’âge d’or
Nous aurons la mer à
côté de l’étoile, les jours de grand vent
Nous aurons l’hiver
avec une cigale dans tes cheveux blancs
Nous aurons l’amour
dedans tous nos problèmes
Et tous les discours
finiront par je t’aime
Vienne, vienne
alors, vienne l’âge d’or !
Et on se quitte ! En
tout, 30 personnes ont participé à cette rencontre. JF