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Rendre notre site visible

Pour que notre site soit une vitrine visible

1) La rencontre des 1er 2 avril 23 vous demande, à chaque personne, de choisir le site du réseau TO comme page d’accueil quand vous allez sur internet. Vous ne resterez sur cette page qu’une seconde ou deux, le temps de taper le site que vous voulez visiter. Mais cette connexion sera comptabilisée par les algorythmes des moteurs de recherche, et notre site sera mieux répertorié, si beaucoup de monde suit ce conseil.
Comment faire ?
Si vous utilisez Firefox : il suffit d’ouvrir la page du réseau : www.reseau-to.fr puis en haut, vous sélectionnez l’adresse du réseau, puis vous la glissez-déposez sur la petite maison qui est juste à gauche ! C’est tout !Pour les autres navigateurs, je vais chercher, mais peut-être savez-vous déjà le faire ? Dans ce cas indiquez nous la marche à suivre, merci, à contact@reseau-to.fr
avec safari : à compléter
avec Microsoft Edge (le remplaçant d’Internet Explorer) : à compléter
avec chrome : à compléter

2) Insérer le lien www.reseau-to.fr dans le site de votre groupe TO, en bonne place.
Ça s’appelle un back link. C’est ce qui est le plus efficace pour être bien classé dans les moteurs de recherche. Ce lien, mettez-le assez visible sur votre site, par exemple lorsque vous vous présentez, parlez de vos orientations, vous pouvez fièrement afficher que vous êtes membre adhérent, membre fondateur, membre associé du réseau TO ! (et mettre le lien). Vous pouvez aussi l’indiquer dans votre page face book etc…

Le réseau TO n’est pas un de vos contacts, ou un de vos partenaires ! Vous en faites partie !

La rencontre des 1et 2 avril 23 a aussi demandé que vous le mettiez dans vos signatures, par exemple en bas d’un mail… Exemple de signature:
T’OP ! Théâtre de l’opprimé (lille) tel, site… membre fondateur du réseau TO www.reseau-to.fr

JF secrétaire du RTO 06 85 54 99 68

Un atelier TO et trois théâtres forums en Pédagogie Freinet

Voici un extrait (le deuxième) d’un texte de 3 parties, qui m’a été demandé par l’ICEM (le mouvement Freinet). 3 chapitres ci-dessous: introduction, l’atelier, les 3 scènes de théâtre forum public.

Introduction : Du théâtre libre au théâtre de l’opprimé

J’ai rencontré la pédagogie Freinet en mai 1968. Devenu instituteur peu après, j’ai très vite mis en place le théâtre libre dans ma classe unique à Oudeuil (60). Lorsque je m’interrogeais sur l’aspect conformiste du jeu des élèves (adultes dominant systématiquement les enfants), un échange avec les collègues du groupe départemental de l’Oise m’a particulièrement éclairé. Alors que je pensais avoir échoué parce que les enfants reproduisaient les rapports de dominations enfant/adultes dans leurs improvisations, ils m’ont permis de comprendre que je pouvais regarder autrement leurs créations : lorsqu’un enfant joue un adulte, il met en scène les rapports de force générationnelle et d’autorité patriarcale tels qu’il les ressent, les vit. Il prend son rôle au sérieux.

Or, le théâtre, c’est sérieux, et si c’est sérieux, ce qui se passe sur scène, c’est tout simplement vrai. Par conséquent les acteurs avaient mis en scène… la réalité.

Je pense à cette phrase que j’allais bientôt rencontrer : « l’image de la réalité est réelle en tant qu’image ».

Restait la question : comment sortir du conformisme et de l’ordre établi ? Avec un début de réponse : l’image théâtrale, celle des désirs, des rêves, est donc réelle, elle aussi. Alors… Et si on apprenait à jouer nos rêves ? Les vivre viendra peut-être ensuite… (voir dans la rubrique « Coups de projecteur » .)

En 1980, invité par des collègues de l’école moderne, j’ai participé à un stage de formation au Théâtre de l’Opprimé, rencontré Augusto Boal et suis allé voir des spectacles de théâtre forum : nouvelle révélation ! Je me suis formé à cette méthode notamment au cours d’un stage Freinet autogéré d’un mois, à l’École normale d’instituteurs, en 1983. Nous avions alors travaillé une semaine entière avec des formateurs du T.O. ce qui avait abouti à la création d’un groupe « théâtre de l’opprimé » au sein de l’IDEM 60 (institut départemental de l’école moderne).

Nous avions commencé par monter un théâtre forum sur nos propres problèmes de militants pédagogiques, pour le jouer ensuite au congrès ICEM de Nanterre. A notre grand plaisir, les congressistes venus nous voir jouer nous dirent : « Tu es venu visiter notre groupe ? Non ? Pourtant c’est bien lui qui est décrit » ! la situation présentait donc un aspect universel et ils s’étaient bien reconnus, malgré la particularité des anecdotes mises en scène.

1. UN ATELIER HEBDOMADAIRE A L’ECOLE VIALA (Lille, 2002).

Une partie de l’après-midi du lundi est consacrée à des ateliers décloisonnés où les enfants de CE2 et CM s’inscrivent librement, pour un trimestre. J’anime l’atelier théâtre avec 16 inscrits. Nous disposons d’une grande salle au sol en parquet ciré, très agréable. Les séances durent environ 1h 30, parfois un peu plus si on « mange » la récréation.

Comme d’habitude, je commence par proposer des jeux issus de « l’arsenal » du Théâtre de l’Opprimé, liés à nos cinq sens : sentir ce que l’on touche, entendre ce qu’on écoute, voir ce qu’on regarde, se souvenir des goûts, des odeurs, mettre en jeu plusieurs sens… Souvent, je propose un bref tour des ressentis de chacun·e après le jeu. Ensuite j’en arrive au théâtre image, puis au théâtre image avec création de personnages, enfin à l’improvisation, puis au théâtre forum. (Ces différents termes seront expliqués au fil du texte).

En cercle, je précise quelques consignes : ici, tout est libre :

– On peut se retirer discrètement d’un jeu qu’on n’aime pas, si possible sans gêner les autres. – Chacun·e pourra accepter ou refuser de jouer tel ou tel rôle sans avoir à se justifier.
– On peut raconter en dehors ce que soi-même on a fait dans les jeux, mais pas ce que les autres ont fait, et c’est encore plus vrai à propos des improvisations ou des récits.
– Nous choisirons ensemble la distribution des rôles et ce que nous montrerons au public si un spectacle final est prévu.


2. LE SPECTACLE PUBLIC

Il dure une heure trente avec les interventions du public et compte trois scènes. Nous verrons plus loin comment nous y sommes parvenus, après des jeux préparatoires, puis des techniques de T.I. (théâtre image), qui ont préparé les récits et leur mise en scène théâtralisée.

2.1 Le rôle de chacun pendant la représentation

– Le joker ou la jokère (la personne formée au TO) mène la séance, présente les règles.
– Après chaque histoire jouée, les spec-acteurs pourront intervenir (un par un) mais pas depuis la salle, uniquement en venant sur scène, La circulation de la salle à la scène et retour est réglée par le joker.

– On vient sur scène de sa propre décision, ni poussé par un ami, ni (encore moins) par un adulte !
– Les acteurs conservent les rôles de leurs personnages, ne s’expriment pas en tant qu’eux-mêmes.

– Sur un clap du joker,les acteurs s’immobilisent en silence, se figent en plein mouvement.
– Après chaque intervention du public sur scène, le joker ou la jokère demande à l’intervenant·e « As-tu pu tenter ce que tu voulais tenter ? ». Il ou elle le ou la remercie, tente une synthèse et questionne la salle.

2.2 Première scène : « fille aînée, je fais tout »

Cette scène a eu un grand succès. Nicole fait la vaisselle, puis repasse, pendant que ses frères regardent la télé ou jouent. Dans la salle, les garçons rient, se donnent des coups de coude, en disant « Oui, oui, c’est bien comme ça» !

A la fin, je pose nos questions rituelles :
– Pensez-vous, comme Nicole, que ce n’est pas juste ?

Mouvements divers.

– Pensez-vous que ça pourrait être autrement ? (le public discute en mode brouhaha deux minutes).
– Nous allons rejouer la scène, et vous allez pouvoir intervenir. Voici comment : si un personnage te ressemble, si tu penses qu’il ou elle a la même volonté que toi, et si toi, à sa place, tu voudrais t’y prendre autrement, alors lève la main, j’arrêterai les acteurs, et tu pourras venir le ou la remplacer sur scène pour improviser une attitude différente. Les acteurs vont improviser avec toi, essayer de réagir comme le feraient leurs personnages dans la réalité.

Plusieurs filles sont vite venues sur scène remplacer Nicole, une d’elles a même tenté de donner le « fer à repasser» à son frère qui refusait en criant « j’suis pas une fille ! ».

Enfin, des garçons ont voulu venir jouer un frère solidaire de Nicole.

Précisons que la repasseuse, munie d’une boîte en plastique, (son fer) et d’une vraie chemise, jouait le rituel du repassage à la perfection. Elle tenait donc sa boîte comme un objet véritablement brûlant. Au cours des remplacements, on a vu que les garçons qui acceptaient d’inverser les rôles traditionnels, laissaient facilement le fer « brûler » la chemise en omettant de le redresser avant de le lâcher ! Et Nicole ne manquait pas de le faire remarquer (rires). D’autres repassaient la chemise en laissant les manches emmêlées. « T’es vraiment nul ! »
Ces remarques suscitent la question de l’apprentissage : quand et comment on apprend, (et de qui) ? à faire la vaisselle, laver le sol, faire un gâteau, repasser, etc.
On a bien ri, surtout en entendant une fille dire à son (vrai) frère venu repasser sur scène : « Ce soir je dis à maman que maintenant, c’est toi qui va repasser !»

2.3 Deuxième scène : « je suis un garçon, mais… »

Stéphane, que j’ai en classe, semble bien dans sa peau et a tenu à jouer son propre rôle. On le voit vivre à l’école dans ses vêtements multicolores. En récréation il joue avec les filles, il est proche de certaines en classe… Une scène montre quelques conflits avec ses parents à propos de ses cheveux et de ses vêtements.

Une autre scène raconte enfin le fameux rendez-vous entre l’enfant, sa mère, et la psychologue. Stéphane tient à nous montrer une psychologue normative, bien sûr jouée par une enfant.

Elle interroge Stéphane sur ses goûts, fait de petites grimaces, questionne sa mère sur sa petite enfance. Stéphane s’énerve et se défend :
« J’ai bien le droit de jouer à l’élastique, non ? » Mais la psy lui rétorque : « Tu es un garçon, ne l’oublie pas ». La mère ajoute « Tu as compris ? Alors joue avec les garçons ».
Stéphane sort en colère, puis pleure.
Fin de la scène.

Bien conscient que les enfants ne peuvent pas eux-mêmes résoudre ce problème, je ne demande pas au public : « Que feriez-vous à la place de Stéphane » ? mais je propose de venir sur scène sculpter l’image idéale (technique décrite plus bas).

Les enfants, l’un après l’autre, viennent modeler les acteurs (comme dans le jeu des statues, décrit plus loin) en leur montrant aussi quel visage faire (en miroir). On obtient vite un consensus : une mère et une psy approuvant Stéphane, qui est tout sourire.

Je demande ensuite « Dans la réalité, comment cela pourrait-il aller mieux pour Stéphane ? » (J’ai repéré dans la salle quelques adultes bienveillants). Aussitôt une femme vient remplacer l’enfant qui joue la psy. S’adressant à l’actrice qui joue la mère, elle lui demande :

– Vous avez peur de quoi ?

– …

– Qu’il devienne homosexuel ? C’est ça ?

– …

– Mais Madame, on ne devient pas homosexuel. Laissez le jouer et s’habiller comme il veut, ça ne changera rien ! L’homosexualité, ce n’est pas une maladie, ça ne s’attrape pas. Ce n’est pas interdit et c’est respectable…
Applaudissements, sans commentaire. Stéphane rayonne.
Je n’insiste pas en proposant d’autres remplacements. Il a été soutenu publiquement par une adulte, il l’a vécu, ressenti, et les enfants ont entendu.

Nous étions en 2002, Je pense que vingt ans plus tard, le débat aurait pu être différent. Les mœurs et les réflexions sur le genre ont évolué, heureusement.

2.4 Troisième scène : « Encore une bagarre aux toilettes ? »Au cours d’un remplacement, une petite vient se plaindre auprès des maîtresses qu’un grand a ouvert la porte des cabinets pendant qu’elle y était, et s’est moqué d’elle. Réponse musclée de l’enfant qui joue la maîtresse :
« Je l’ai déjà dit à tes camarades qui se plaignent ! Pfft… On est deux, on surveille la cour et le jardin, on peut pas être partout, débrouillez vous entre élèves. »

Silence. Puis la petite venue remplacer l’enfant, ajoute tranquillement :
« Mais madame, je crois qu’il faudrait trois maîtresses en récréation : une pour la cour, une pour les toilettes et une pour le jardin. Pourquoi vous faites pas comme ça ? ».

Stupeur des enfants-acteurs qui jouaient les adultes, et qui ne savaient plus quoi faire. Gros applaudissements dans la salle. Je savais qu’un conseil d’enfants allait avoir lieu, et j’ai pu constater plus tard que la question y avait été abordée.

Béatrice, membre du personnel municipal, appréciée de toutes et tous, avait jusque là pour missions d’ouvrir et fermer les portes extérieures, soigner les bobos, nettoyer les vomis, balayer les couloirs, réconforter… L’année suivante, ses taches ont été rediscutées avec elle, sa hiérarchie et l’équipe pédagogique. Elle se tient maintenant systématiquement, pendant les récréations, à l’entrée des toilettes, avec sa chaise et sa petite mallette d’urgence. Plus de bagarres d’eau, ni de portes qui s’ouvrent sauvagement. Le théâtre forum peut avoir des effets dans la vie réelle des institutions.

2.5 Remarques sur ces trois scènes.
Dès la première intervention, je me place en bord de scène, mais face à l’intervenant·e. Clap de début : improvisation. À moi d’arrêter l’intervention par un clap ou un stop, au moment où j’ai l’impression qu’on n’ira pas plus loin. Les acteurs s’immobilisent et tiennent la posture, sans commenter. Je demande alors à l’intervenant·e : « Est-ce que tu as pu faire ce que tu voulais ? Veux-tu continuer ? » et je remercie pour la tentative. Puis je pose des questions au public, en m’abstenant absolument de juger : « Ça va mieux comme ça ? », « Est-ce plus juste ? ». J’essaie de faire une synthèse de l’intervention, puis demande  « Qui voudrait prolonger cette intervention ? », « Qui a une autre idée, différente de celle-ci ? », Et j’ajoute…. « Ne raconte pas ton idée, viens la jouer ! »

Les interventions se succèdent, parfois contradictoires, ou surprenantes. Au cours des moments de forum il y a toujours des hésitations, des velléités d’intervention que je tente d’encourager, mais sans jamais obliger.
Quand c’est possible, il est agréable de terminer la séance par une intervention réjouissante, touchante ou optimiste.

Des formations au théâtre forum sont proposées sur le site www.reseau-to.fr

  1. Retour sur le processus de création du théâtre de l’opprimé en classe
    ce sera le thème d’un prochain écrit.

Jf Martel 06 85 54 99 68

Rencontre N°17 du RTO, 1 et 2 avril 2023, Clermont-Ferrand.

Compte-rendu de la 17ème rencontre du Réseau TO Sam 1er et Dim. 2 avril 2023 à Clermont-Ferrand.

Samedi :
jeux proposés par Fatima et Joelle
Présentation de 4 nouveaux groupes
Discussion sur les modes de fonctionnement de différents groupes
Par l’Attelage : revisite théâtralisée de l’histoire du TO
Jeu proposé par Manon
Travail en forum sur nos difficultés d’animateurice ou de joker.e
Partages en sous groupes de 3 expériences:

– le festival de Jana-Sanskriti par Noémie,
– la rigolothérapie (JP Besnard et Aude)
– Un travail à Mayotte par Jérome
Puis Bilan et Spectacle clown de Ficelle et retours des spectateurs

Dimanche
-Jeu proposé par Bastien
-Assemblée générale statutaire, ,décisions concernant le site, prochaine rencontre du réseau.
-Deux groupes de travail:
1) Faire un atelier de TF en une heure
 ?
2)
Comment travailler en binôme quand on est en désaccord ?
Forum sur une scène du Potimarron, Annonces et bilan

Samedi 1er avril 2023
10h Ouverture par Fatima et Jeux de démarrage. Le premier animé par Joëlle :
Dire son nom et un mot qui commence par la même lettre et un geste. -Le deuxième animé par Fatima : Se poser sur une carte géographique.

Les 30 présent.es, leurs 13 groupes, leurs régions :
-Jean François, Darline, de Et Toc ! (Plateau de Millevaches)
-Annie, Audrey (Tarbes, 65)
-Jean-Mi, Jacqueline du Potimarron (Strasbourg) et Manon de Citar (Strasbourg)
-Carine, Fatima, Pierre, Fabienne, Cathy de Naje
-Jean-Pierre B , Caravane-Théâtre (Toulouse)
-Delphine, Aude, Cie Si les Sardines (Loguivy-Plougras 22)
-Cyprien et Frédérique, L’attelage (Lorient)
-Joëlle de Brest
-Anne, La Troupuscule, (Drôme)_
-Jérome du collectif Méta-morphose (Lyon)
-Pauline et Bastien De Arts Qi Med (Billom, 63)
-Marline du groupe de Brioude (63)
-Noémie, Alice, Pauline, Christelle, Catherine, Sébastien de Ficelle (Clermont)

Puis Espace stop.

Présentation de 4 nouveaux groupes :

Le Potimarron passe ses activités à Citar (Manon et Robin).
Citar
ne fait pas que du forum. Manon est là depuis octobre. En études de socio médiation et criminologie pour être enseignante chercheuse aussi. Citar est composé de 3 permanentes. Travaillent en maison de retraite, font une comédie musicale avec une école, écrivent des textes, font de la marionnette…

Annie et Audrey : travailleuses sociales du Conseil Départemental (Tarbes, 65).
Elles ont le théâtre forum comme un outil du travail social. Groupe d’adultes chaque semaine pour spectacle en fin d’année et groupes d’ados deux jours pendant les vacances scolaires. Le TO est de plus en plus connu dans leur région mais elles ne peuvent pas aller travailler sur sollicitation de partenaires extérieurs au Conseil Départemental car elles ont la contrainte de travailler pour leur public cible donc les personnes en difficulté. Question posture, elles ont une double casquette : ce qui se dit dans les ateliers est secret sauf si information préoccupante.

Marline de Brioude (63) : Projet sur la transmission agricole mené avec Ficelle. Maintenant deux scènes sur la transmission agricole. Actuellement sont sur un appel à projet pour travailler avec des personnes en isolement et précarité. Pour l’instant il y a un groupe Cada, un groupe paysannes, un groupe Secours Catholique, un groupe femmes subissant violences conjugales. Pour le moment iels est rattaché.es à un autre groupe et sont bénévoles mais vont réfléchir à ce qu’iels veut faire pour la suite (se structurer, trouver des financements)

Arts qi med à Billom (63) : Pauline et Bastien. Se sont formé.es avec Cotéact « théâtre forum de la complexité ». Les personnes de Cotéact étaient au départ ingénieurs agronomes et ont commencé sur les relations enseignants-stagiaires et ont développé ensuite sur des thèmes beaucoup plus larges). Un  pôle création spectacles, ateliers et évènements. Th. forum en spectacles et ateliers en collèges lycées, école d’infirmière (gestion d’émotions, gestions situations complexes, équipe… ), école d’avocats, travail à l’année sur deux maisons d’enfants. Pratiquent plusieurs activités artistiques : du th-forum, du th-d’impro, du chant, de la danse. Se rencontrent une fois par mois en collectif associatif pour faire une création, la dernière : sur l’eau.. Tous les deux intermittents du spectacle, ils font leurs spectacle en établissements scolaires et ça marche très bien. Ils ont un spectacle sur l’environnement. Utilisent le parcours artistique pour faire par exemple un atelier de 2 X 5h. il y a aussi le pass culture qui fait des financements. Pauline dit que dans les ateliers d’une heure, tu peux balancer des choses. Elle a même fait des ateliers d’une demi-heure !

Jean-Pierre Besnard, Caravane théâtre (Tlouse) . Travaille beaucoup à l’étranger. Travail sur le th. forum par internet avec des étudiants au Brésil. Des gens de différents pays sont venus via le net donner leurs idées d’intervention pendant des forums publics. Le joker demandait dans la salle si quelqu’un voulait bien venir jouer ces idées en scène.
Jean Pierre pense que c’est l’outil à développer car les instits et profs peuvent s’en saisir juste avec un livre qu’il a fait qui donne le mode d’emploi et qui leur permet d’être autonomes. Mais Jean-Pierre dit qu’il ne comprend pas pourquoi ça n’a pas été plus repris. Aude essaie de mettre ça en place au Burkina.

Jérome du collectif Méta-morphose à Lyon. Deux comédiens formés à NAJE ont décidé de s’unir pour monter quelque chose. Ont trouvé des sous et ont appelé MF Duflot puis Aude pour former le collectif. Une bonne partie des gens du collectif voudraient en vivre. Notre collectif fonctionne en horizontalité. Ce qui donne des longueurs pour prendre les décisions ensemble, mais apporte plein de richesses. Sont basés entre Lyon et St Etienne.

Discussion sur nos modes de fonctionnement et les questions que cela pose : compagnies militantes et professionnelles, nos différents modes d’organisation…

Anne Troupuscule : il y trois semaines, on a abordé ces questions. Qu’est-ce qu’on fait avec les bénévoles sur des projets où on rémunère les comédiens. On s’est dit qu’on porte la cie, c’est pourquoi on est justifiés à être payés, Il y a les comédiens qu’on paie parce qu’on a besoin d’eux et il y a des bénévoles avec qui on fait des créations sans rémunération des bénévoles.

Anne : pour trouver un équilibre financier global, on a mis en place des outils pour regarder cela. On a mis en place une valorisation relation commanditaire pour celle ou celui qui fait le travail.

Arts Qi Med. Bastien : Pauline et moi sommes intermittents et faisons vivre la structure. On a mis en place un volet associatif avec réunion une fois par mois. On ne devrait pas le porter, mais en fait c’est nous qui portons. Cela baisse. Si nous on propose une date les gens vont venir mais ils ne vont pas prendre en charge. On a l’idée d’aller vers un collectif de gestion, mais pour l’instant ils sont un peu éloignés de l’activité.
Pauline : Moi ça me gêne qu’un bureau composé de gens extérieurs décide pour les comédiens qui ont monté et portent la compagnie.

Méta-morphose
 Jérome : Notre modèle est social et solidaire. On paie tout pareil aux comédien.s mais on ne facture pas tout pareil. Nous, si on fait un truc militant, on est payé pareil. On a un salaire équivalent à 10% du contrat pour celui ou celle qui fait le travail de coordination sur une action.

Et toc ! 
Jean François : On en discute en permanence, le fonctionnement est très collégial notamment deux jours de travail par mois ensemble. Pour l’instant on a choisi de n’être pas rémunérés personnellement, sauf exception, sur les actions qu’on mène. Ceci permet de ne pas sélectionner nos activités en fonction de l’argent qu’il y a pour les faire. Et aussi d’ouvrir la compagnie à de nouvelles arrivées (On a commencé à 6 ou 7. On est une quinzaine aujourd’hui.) L’argent qu’on a sert essentiellement à la formation. On jongle pas mal. On n’est pas tous impliqués pareil au même moment. Tout cela reste en débat et peut évoluer selon les besoins.

Naje : 
avant on avait une organisation avec des comédien.nes fixes et toujours dispo. Là, ça change un peu. On fait entrer plusieurs comédien.nes… Comment on les paie pour se former, répéter, jouer… Notre chargée de production spectacle est intermittente du spectacle.

L’attelage, Cyprien : on s’était dit qu’on travaillerait avec ceux qui n’ont pas d’argent aussi, mais on le fait très peu car on n’a pas tant d’avance de fric pour payer ce travail. On négocie les tarifs avec les commanditaires qui nous semblent intéressants.

Citar: 
Manon : Je suis très seule. Ma Cie est plus une structure porteuse. Cela ne me satisfait pas. C’est lourd aussi de démarcher, négocier mes projets. Je dois jongler entre mes activités rémunératrices et non. Je vais devenir intermittente, ça va marcher. J’ai plein de cordes à mon arc pour créer avec mon co. Processus long mais en cours.

Ficelle et Cie, Noémie : que l’action soit payée ou pas par le commanditaire, les comédiens sont payés pareil. Peu de plans bénévoles car on est peu sollicités par des associations militantes. Nous ne sommes pas repérés la-dessus sur le territoire. On varie nos tarifs en fonction des structures et de leur possibilités financières. Avant on avait plus de bénévoles et de gens en formation. Depuis 2 ou 3 ans il n’y en quasiment pas. Nous sommes deux à faire le travail administratif.
On ne se réunit pas souvent entre les comédien.nes, on parle avec ceux et celles qui sont là en répétition. Il y a aussi le CA qui fait son travail. Si on sollicite des comédiens ou des bénévoles c’est pour une action complète et l’engagement vaut sur la durée de l’action.

Questions sur le régime des salariés 
Si les sardines, Aude : Intermittents et régime général. On a pensé longtemps qu’il fallait une personne en régime général pour les ateliers et formations. On fait autrement maintenant.
(à naje : la chargée de production spectacle est intermittente du spectacle).

Jérome (Méta-morphose): une moitié d’entre nous est en régime général. Notre collectif ne gère pas les paie mais fonctionne par factures. Les intermittents ont charge d’aller chercher une boite de prod qui gère pour eux et qui va nous facturer.

Manon (Citar) : On a le droit de déclarer 70h d’atelier en intermittence. (Manon nous enverra le texte).

Frédérique (L’attelage) : demande à Jérome s’il cotise pour sa retraite avec sa micro entreprise. Une mini débat s’ensuit sur les cotisations retraite des un.es et des autres.

Pause déjeuner. Après midi : jeu dirigé par Manon

Je suis…. parce que… Cela se fait en cercle avec une personne au milieu. 4 ou 5 personnes à tour de rôle disent à cette personne: « Tu es…X » Elle doit répondre « je suis…X. Parce que… « 

Ex:  « Tu es Cléopâtre » et elle répond « je suis Cléopâtre parce que je suis allée en Egypte ».
Au bout de 4 ou 5 « tu es » le 4e ou le 5e vient au milieu et on lui dit Tu es… etc. jusqu’à ce que tout le monde soit allé au milieu (on peut faire deux cercles si on est nombreux pour que tout le monde puisse passer au milieu).

14H 30 : L’histoire du TO avec Cyprien et Fred. Ils ont décidé de faire une présentation théâtralisée pour faire comprendre ce qu’est le théâtre de l’Opprimé. Avant de réaliser cette présentation, dire au public qu’on va interpréter des rôles. 1ère partie présentation classique avec le rappel à Augusto Boal. Puis ensuite les paysans sont joués par les animateurs et le public réagit et participent aussi.
Puis le récit continue. Ensuite, l’animatrice joue la femme trompée par son mari et qui le découvre en apprenant à lire. Nous Faisons participer le public sur les solutions possibles… jusqu’au moment où la femme monte sur scène ! Ensuite explication sur la naissance du théâtre forum.

Retours du groupe :
– Faire encore plus dans la partie théâtralisée et l’interaction avec le groupe.
– L’alternance entre une partie théâtralisée et une partie narrative est intéressante car cela montre que la frontière entre le public et les acteurs est fine du moins dans le théâtre forum.
L’histoire de la dame trompée qui dit son problème, la mise en scène et le forum, cela dit très bien ce que va être l’atelier.

15h : Difficultés rencontrées au cours des ateliers. Recueil de situations :

-Un père qui dit pendant un atelier « hors de question que ma fille sorte »

– Une femme victime de son mari qui boit et le groupe qui dit qu’elle doit accepter

– Situation de harcèlement au travail et finalement la personne n’est pas soutenue

– Atelier où des jeunes pensent que tout ça ne sert à rien et qui dénigrent tout

– Dans une équipe à pb, l’équipe ne coopère pas pour trouver des solutions

– Discriminations « mon fils s’il est pédé je le tue ».

– Avec un groupe de jeunes, les encadrants qui interviennent mais n’apportent pas de solutions, au contraire qui pourrissent plus la situation.

– Racisme structurel : en fin de TF sur le privilège blanc, intervention d’une chercheuse qui dit que tout ce qui est dit sur les blancs lui fait violence et une personne racisée fond en larmes.

4 Histoires sont choisies :

1 – La fille qui ne sortira pas

2 – S’il est pédé je le tue

3 – En spectacle sur le privilège blanc

4 – Les encadrants qui pourrissent l’atelier

1er groupe. La scène : « Oups ! des oppresseurs dans la salle !

Accueil d’urgence et violences conjugales : Il s’agissait de mettre en scène un repas de famille où une fille ne peut pas sortir. Les participants à l’atelier disent que c’est normal à 16 ans, leur fille ne sort pas et une autre ajoute « mon fils OK mais ma fille non ». Comment soutenir l’animateur du stage ?

Forum :
-Demander pourquoi c’est un problème une fille qui sort et pas un garçon. Pourquoi plus de risque pour une fille, est-ce que ça ne vient pas justement du fait qu’on ne permet pas aux filles de sortir. Est ce que les femmes du groupe ont elles aussi peur de sortir le soir, est ce que cela n’est pas un pb ?… est ce que les pères sont ok pour que leurs filles soient en danger dans ce quartier ?

-Faire exprimer l’avis de la fille.

-Proposer un débat, ne pas faire la scène.

-Jouer une scène mais ne pas jouer son propre personnage.

-Dire qu’on voit les différentes opinions et que cette scène est très parlante pour les ados,on peut mettre en scène ce qui vous paraît injuste

-Mettre en scène les différents opinions ceux qui sont d’accord pour ne pas faire sortir la fille ou ceux qui sont d’accord.

2ème groupe. La scène : Une femme juive et blanche dans la salle dit à la fin du spectacle sur le privilège blanc : « c’était insupportable pour moi de ne pas pouvoir remplacer des personnes racisées, car je suis victime de racisme en tant que juive, et m’interdire cela c’est faire un déni d’humanité. On est des êtres humains donc on peut ressentir ce que ressentent les racisés.

Une jeune femme noire (dans la salle) pleure. On lui tend le micro : « entendre dire que vous pouvez ressentir ce que nous ressentons, ça m’enlève l’espoir. Vous ne savez pas ce qu’on vit tous les jours nous. Ca s’arrêtera jamais en fait ».

Forum: quelques propositions de réponses de joker.e :

Sébastien : Notre Cie a fait le choix politique de proposer le forum comme ça. Je suis désolée si ça crée une frustration. Oui c’est frustrant. Mais c’est notre choix. D’autres personnes sont venues sur scène et il y a eu de belle idées.

Marline : Au début du spectacle, la jokere dit que la personne qui a vécu cette histoire souhaite que ce soient des personnes noires comme elle, qui la remplacent parce que quand une personne blanche remplace une noire ça peut faire comme un conseil.

Jérome : En guise de bilan mettez votre main sur une échelle de 1 à 3. Allez y.

Après le spectacle elle va voir en privé la personne qui a baissé la main et tâche de parler avec elle.

Jean François  : On a choisi de faire comme cela, mais on pourrait jouer aussi une oppression d’une autre catégorie de discrimination. Aujourd’hui nous nous sommes centrées sur une question particulière. On travaille pour vous aussi, même si vous n’avez pas pu intervenir.

Jacqueline : vous avez vécu des situations de discrimination mais la situation est que Israël est un état d’apartheid. Tous les villages détruits, les enfants…

Anne : J’entends que vous vous êtes sentie en empathie avec la personne et ça c’est un cadeau pour nous. Et je veux vous dire aussi que parfois on est des opprimés, parfois des oppresseurs, on vit des privilèges sans en avoir conscience. Parfois on passe du côté des oppresseurs sans se rendre compte. Sur cette thématique là, vous n’êtes pas opprimée. Votre peau est blanche, mais vous vivez d’autres oppressions.

Aude : On est là pour s’entrainer. Vous ne prendrez jamais la place de la noire dans la réalité donc ici prenons les places qui sont les nôtres.

Delphine : Moi qui ne suis pas juive, je ne pourrais pas non plus prendre votre place si on mettait votre situation en forum.

3ème groupe : En collège, classe de 4ème, 2 animatrices sur la vie affective et sexuelle. Jeux « tabous ». On tire une carte au sort et on fait débat dessus. 1ère carte : LGBTQIA+. Un des jeunes dit : « si moi, j’ai un fils homo, je le tue ».

Sébastien : Poser des questions : de quelle manière vous allez le tuer ? Quand vous allez vous en rendre compte, il sera grand, ça ne se voit pas à la naissance. Dans ce cas-là, il vaudrait mieux ne pas faire d’enfants, c’est dommage de tuer ses enfants…

Ensuite, il en parle en privé avec l’éducateur ,lui demander pourquoi il-elle a fait ça. Il exprime qu’il l’a contredit devant les jeunes et que cela est un problème.

Jean-Michel : D’accord, c’est bien, tu as un fils et tu es contente d’avoir tué ton fils. Est-ce que tu es heureuse d’avoir tué ton fils. Et ensuite, qu’est-ce qu’il se passe ? Que va dire son père ? Tu vas aller en prison, pendant 20 ans environ. Et en prison, certains ne vont pas supporter ton acte, donc toutes les femmes en prison vont te faire une vie de dingue et tu vas souffrir toute ta vie. Et à ce moment-là, tu vas réfléchir, si tu n’as pas réfléchi avant.

Tu pourrais demander à ton fils s’il veut bien être tué par toi.

Carine : Pour toi, quand on est parent, on a le droit de vie ou mort sur ses enfants ? Donc tes parents pourraient décider de ta vie, de ta vie amoureuse… Et si tu tombes amoureux d’une telle, tes parents pourront dire non… ?

Bastien : Qu’est-ce que vous en pensez les autres de ce qui vient d’être dit ? De tuer son enfant ou de ne pas accepter un enfant homo ? En parlant de son point de vue à soi.

Jacqueline : Je dirai au jeune « je voudrais te parler de ma propre expérience. Je trouve que les homos sont des amis merveilleux. J’ai beaucoup d’amis homos dont un que j’ai accompagné jusqu’au bout ».

Fred : Est-ce que tu vas bien ? Tu as l’air tendu quand tu dis ça… Est-ce que vous savez pourquoi on est là aujourd’hui ? Est-ce que vous en parlez dans votre famille ? On est là parce que c’est dur d’en parler à l’extérieur, notamment à la maison… Qu’est-ce qu’ils vous disent vos parents par rapport à tout ça ? Pour certains, on peut en parler avec les parents, pour d’autres non. Certaines choses peuvent être choquants pour certains, et pas pour d’autres. Et on a toute sa vie pour changer d’avis. Je ne vais pas plus t’embêter parce que tu n’as pas d’enfants.

Delphine : Qui connaît la définition de l’homophobie ? Puis relancer par le jeu de cartes.

4ème scène : Mise en abîme. La scène :
Une jeune fille parle de sa situation d’injustice dans la famille, sur la question du genre. L’éducateur du groupe joue le rôle du père. Mais il sort de son rôle à un moment pour dire : « on se monte la tête et il y a risque qu’on embrouille les jeunes avec tout ça. Si ça se trouve, sa mère, elle est contente avec tout ça. Moi ma femme c’est elle qui veut tout faire à la maison »… Et les jeunes écoutent l’éducateur. Le joker rappelle qu’on est en solidarité avec la jeune fille.

Fatima : Discussion avec l’éducateur avant l’atelier. Qu’est-ce que tu as compris de ce qu’on allait faire ? Et je vais te préciser que c’est du théâtre de l’opprimé… On part de leurs histoires où ils sont opprimés, on va écouter leurs oppressions et travailler sur leurs oppressions. Essaye de ne pas les voir aujourd’hui comme des jeunes en CER. Je crains que tu amènes des choses qui ne font pas avancer la situation, arriver à se décaler. Pour moi, ce qui est important ce sont les jeunes. Je veux juste m’assurer que tu sois en capacité de rester dans le cadre, d’écouter et de ne pas intervenir.

Bastien : Est-ce que tu souhaites participer ou bien est-ce que tu souhaites juste regarder ? Tu peux ne pas participer, juste regarder et juste intervenir en cas de problème. Si tu participes, on est au service des jeunes, donc pas sur notre point de vue perso. Je te propose que d’abord, tu me laisses intervenir et si tu sens que c’est à la limite et un peu chaud, alors, tu interviens.

Christelle : Pendant la scène, reposer la situation. On s’intéresse là à la situation de cette jeune fille et on essaye de ne pas mettre ta propre vie au milieu. On essaye de comprendre et de jouer la situation de la jeune fille. Essayez de vous mettre dans les personnages. On essaye de jouer et ça va peut-être faire émerger quelque chose.

Babass : On travaille l’histoire de la jeune fille et pas la tienne. Et elle, ça lui pose un problème. Donc reste dans ton rôle, tu as tous les arguments qu’il faut…

Anne : Je rappelle 2 règles : Tout ce qui se dit ici, reste ici. Non Jugement. Et là, tu viens de juger, de parler de ta vie. C’est comme si tu disais, ton histoire elle ne vaut rien, c’est comme si tu remettais en question son histoire…

Jean-Pierre : lui, propose à tous les membres du groupe, éducateur comme jeunes d’expérimenter pour de vrai de se mettre à la place de l’autre pour interpréter son personnage . Il valorise les capacités d’empathie de chacun.e pour y arriver. Il donne envie de faire cela.

Noémie : En parler après l’intervention. Retour sur ses propos et nommer les positions de la compagnie.

Pause de 10 mn, puis Temps de 20 mn en trois groupes parallèles pour 3 partages d’expériences :

 

    • T0 de Jana -Sanskriti par Noémie, prise de note par Fabienne.

    • La rigolothérapie par Jean-Pierre et Aude. Christelle prend les notes sur papier.

    • Jeunes à Mayotte par Jérome

Groupe de TO Jana Sanskriti par Noémie

Le groupe Jana Sanskriti fait du TO et a une organisation qui va au-delà. Sanjoy et Shima sont venus en Bretagne 4 jours/ Puis Annabelle et moi sommes parties en Inde pendant leur festival international. Là il y a une semaine de création collective avec tous les groupes puis une tournée dans les villages dans lesquels ils ont l’habitude de travailler.
Sur les 4 jours en Bretagne, beaucoup d’utilisation de techniques introspectives et d’images pour créer les personnages. On commence par partir de 6 à 8 images pour créer le spectacle et ensuite Sanjoy propose à deux personnes du groupe de faire les dialogues en direct. Ensuite on arrête la scène et on fait l’image analytique sur le personnage opprimé et des images de quelle pourrait être sa réction. On met en corps les personnages, les images sont très visuelles, esthétiques d’autant plus qu’ils rajoutent danse et chants. C ‘est très beau.

Sur le festival : pas mal d’occidentaux qui paient tous-tes le même prix (500 €) donc il n’y a pratiquement que des blancs qui peuvent payer ce prix. La deuxième semaine on tourne dans les villages où il y a d’autres activités du fonctionnement collectif qui a été mis en place. Il y a des terres qui appartiennent à Jana Sanskriti sur lesquelles travaillent des paysans. Les gens des villages montent des théâtre forum toute l’année mais aussi des groupes de parole ou d’action.

Quand on arrive au village, c’est une fête, chacun va pouvoir montrer ce qu’il sait faire (par exemple jonglerie ou autres activités genre mime danse…. Très riche.

Pour Jana Sanskriti c’est aussi la semaine de présentation du spectacle de l’année en l’occurrence un spectacle créé avec un groupe de personnes en handicap qui jouent une légende. On y voit aussi d’autres spectacles de Jana Sanskriti.

Autre spécificité dans leur mise en scène en plus des chants danses, c’est qu’ils utilisent un travail de chœur (deux chœurs dont un pour l’opprimée et l’autre pour l’oppresseur) et les chœur socialisent, élargissent la question, interviennent… Sinon restent en image, donc très esthétique. Par ailleurs les gens qui montent sur scène y restent après leur intervention jusqu’à la fin du spectacle ! Parfois ils ré-interviennent pour aider la personne du public. Ca fait parfois un peu brouillon mais bon, c’est autre chose.

Ils jouent leur forum plusieurs fois dans le même village pour que les choses maturent et que le village arrive progressivement à des pistes politiques.

Rigolothérapie par Jean Pierre et Aude.

C’est une TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale inspirée de la R7N) créée avec 7 personnalités à repérer, pour se comprendre dans notre diversité. C’est un jeu de cartes.

Ils ont fait cela avec des enfants à partir d’une scène de th forum, utilisent les cartes le théâtre de l’opprimé et le clown (les personnages chapeautés sont en clown)

Voici les 7 personnages représentés par 7 chapeaux, on les offrira aux personnages opprimés comme des forces qu’il ou elle a en lui-elle et qu’on lui permet de renforcer en improvisant la situation avec la consigne du chapeau :

    • Volcano : impulsif, se met en colère

    • Diabolo l’ego : il a l’égo qui déborde, toujours fier de lui

    • Perfecto : il sait tout, fait tout bien

    • Action : toujours prêt à foncer

    • Amour : il a toujours de l’amour à donner

    • Carpeto : il ne sait pas choisir, ne sait pas dire non

    • Panico : il a toujours peur

On peut analyser les scènes de notre passé avec la grille des chapeaux pour revisiter l’histoire un peu comme on le fait avec l’image analytique. En forum le public aidait les enfants en leur mettant un chapeau et après l’enfant improvisait avec ce chapeau.

Jeunes à Mayotte par Jérome.

Expérience de 2022 avec la fondation « Les apprentis d’Auteuil ». deux semaines : une semaine en formation d’animateurs et une autre semaine pour suivre les animateurs dans leurs ateliers de TO avec jeunes. Echange multiculturel et échanges avec les jeunes. Le projet était animé par deux hommes blancs qui ont travaillé beaucoup sur leur posture.

Bilan de la journée
– Bon timing

– J’ai besoin d’être dehors, donc là enfermée… Mais des trucs se sont dégagés dans ma tête. Le côté boite noire sans lumière du jour me pèse.

– C’est bon de pouvoir se nourrir de comment chacun fait dans son asso

– Très bonne journée, découvrir des nouvelles personnes et revoir celles que je connais. Mais j’ai eu froid.

– Trop contente. Ca me fait du bien au moral et à la motivation. Il y a eu des solutions a des problèmes que j’ai pas encore eus.

– Petit débordement de tendresse. Ca me fait ça quand on se retrouve.

– Ce matin avec les jeux, je me suis dit qu’on est horrible comme groupe à parler tout le temps, à ne pas écouter les consignes. Peut-être faudrait un temps pour échanger comme ça avant de commencer, sans consignes.

– Manque aussi un porteur de temps, un ramasseur de brebis…

Le matin, vous pouvez venir une demi-heure avant le début soit à 9h car le démarrage du travail est à 9h30.

-le Réseau TO est un monde parallèle qui fait du bien et permet d’avoir des idées pour se sortir des ornières, de parler de son travail avec les collègues.

18h30 spectacle en cours de travail de Ficelle

Retours sur le vif

Repas pris en commun

Dimanche 2 avril 2023
9h30 : Fatima nous présente le programme de la journéeJeu animé par Noémie qui l’a appris en Inde.
Deux par deux. Chacun fait un chant d’oiseau, l’apprend à l’autre. Le duo se sépare et chacun marche en aveugle. Puis les duos doivent se reconstituer c’est à dire se retrouver.

Mini comptes-rendus en grand groupe des trois ateliers d’hier. (Voir plus haut)

Réflexions sur Le site du Réseau
On va sur le site du RTO, pour chercher un contact, une info, pour consulter les nouveaux jeux, ou pour donner un lien aux personnes qui demandent des (in) formations…
Les nouveaux groupes ici présents ne savaient pas que le site existait.
Ce site est un gros travail (surtout pour JF) Il s’agit de dire de quoi on a besoin :

Une vitrine ou un espace de ressources internes ?

En interne c’est utile d’avoir les infos et les documents. Pour les échanges entre nous, on a aussi la liste qui ne demande aucun travail et qui fonctionne bien selon ceux et celles qui l’ont utilisée pour poser des questions car iels ont eu des retours.

En externe, le site est peu visité, en partie parce que il est mal référencé. (Nos commanditaires, eux, connaissent déjà les compagnies locales et n’ont pas besoin du site du réseau). Les contenus éphémères comme les agendas des cies sont-ils si utiles, par rapport à l’énergie et au temps pour les tenir à jour ?
La carte interactive et les présentations des compagnies avec leurs liens peuvent suffire ?

Certains abordent la question des réseaux sociaux car « les gens ne suivent plus que cela ».

Nous retenons que nous avons toustes nos sites sur lesquels il y a les infos et que le site du réseau renvoie déjà à nos sites.

Décisions concernant le site :

-1) Pas de réseaux sociaux

-2) arrêter le calendrier des dates des cies, chronophage.

-3) garder l’espace privé entre nous : archives, jeux, CR des rencontres… Cela semble à toustes très important.

-4) garder la carte interactive, les contacts et présentations des groupes du réseau.

-5) Annoncer sur le site que pour avoir des dates des spectacles et stages des compagnies, il faut aller sur les sites de chaque groupe.

Pour augmenter la visibilité du site:  :

    • chacun.e d’entre nous met le site du réseau TO en page d’accueil (de son ordi perso) pour que ça fasse des visites, ça augmente beaucoup le nombre de visites donc la visibilité du site sur les moteurs de recherche.

-chacun.e d’entre nous met mention du réseau dans sa signature.

La newsletter ACTU du Réseau):

-Garder ce format avec le graphisme actuel qui est chouette. Contenus : le Compte rendu des rencontres soit deux newsletters par an plus les invitations aux prochaines rencontres.
-Cesser d’y donner les nouvelles des cies.
– A chacun d’utiliser la liste réseau pour faire passer de ses nouvelles.

Assemblée générale statutaire
Composition du bureau actuel (4 personnes de 3 groupes, conforme aux statuts) Delphine et Annabelle trésorières, JF secrétaire, Noémie présidente.

Bureau depuis l’AG de ce jour : Delphine et Annabelle en trésorières, JF et Cyprien comme secrétaires et Noémie présidente. 5 Personnes de 4 groupes).
Marline et Pierre les soutiendront.
La composition du bureau est votée à l’unanimité. 16 groupes adhérents et 10 groupes associés, 16 droits de vote, le quorum est à 9 ce qui est le cas.

Rapport moral

Les activités passées :

Deux rencontres par an. Dans les deux dernières rencontres on a demandé à des « experts » de venir ; cette fois Rojzman (Institut de Thérapie Sociale) devait intervenir. Continue t-on avec un intervenant.e chaque rencontre ? La réponse est plutôt « oui, sauf si »… C’est un plus, pas une obligation.
-Analyses de la pratique professionnelle en visio conf, tous les deux mois pendant deux ans puis cela s’est arrêté.
-Deux labos sur les techniques introspectives en spectacle et un stage avec Jana Sanskriti portés par les Sardines. Mariage de l’Envol et de la Troupuscule

Rapport financier :
Cotisation de 300 euros, plus ou moins selon les groupes. 100 % des recettes sont les cotisations d’adhésion (et quelques dons). La plus grande partie des dépenses sont les remboursements trajets pour venir aux rencontres, la locatiion des salles, 15% des frais pour le site. Un peu de frais bancaires…
On a eu plus de dépenses (2600€) que de recettes (2000€) cette année mais on avait de la trésorerie des années précédentes.

Discussion sur les cotisations pour l’année 2023 :
-Fabienne propose qu’on fixe un chiffre en % de notre chiffre d’affaires genre : 0,2%
-Les problèmes pour récupérer les cotisations : Delphine propose qu’on paie notre cotisation en début d’année, et là aujourd’hui ici même pour l’année 2023.
-Question : différence entre adhérent et membre associé. Nous renvoyons à la charte et aux statuts.

Cotisations : nous décidons que les associés feront des dons libres au réseau.

Nous décidons de ne pas passer plus de temps sur ces points là car c’est aride, et ça enlève l’enthousiasme. Nous votons à l’unanimité absolue : le bilan moral, le bilan financier ainsi que la reconduction du bureau avec rajout de Cyprien comme co-secretaire.

Reconduction des séances d’analyse de la pratique en visio-conférence : 6 personnes sont intéressées. Marline se charge de proposer une prochaine date. Prochaine rencontre : date ?  lieu ?  qui se charge du programme ?

14 15 oct : 6 pers peuvent. 21 22 oct : 6 pers peuvent. 28 29 oct : 10 peuvent. 4 et 5 nov : 8 pers peuvent. 11 12 nov : 13 pers peuvent.

Date retenue : 11 et 12 nov. A la Convergence des Loutres, Loguivy-Plougras. On reverra ensemble la question des paiements des repas.

Equipe organisatrice : Frédérique(L’attelage), Aude (Si les sardines) et Joelle (ancienne de Brest.

Quelques propositions pour la thématique de cette rencontre, sachant que nous laissons le choix aux trois organisatrices :

– Quand on est dominant quelle posture prendre pour aller travailler ?

– Quand il n’y a pas opprimé X oppresseur (par ex parents – ados ? ou santé mentale ?
– Le clown

– L’isolement

– Le pouvoir du peuple, ce qu’est la démocratie,
– le contrat républicain et la normalisation des associations,

– Les violences policières,

– La santé, l’accès aux soins 

– Le travail sur le consentement

– Ecologie et environnement où l’oppresseur est plutôt « le système capitaliste »

– Le travail en Education nationale

Pause déjeuner, puis jeu proposé par Bastien :
Au milieu du cercle, l’un.e mime une action. Un autre rentre et lui demande ce qu’iel fait. Iel répond tout à fait autre chose. Celui ou celle qui est entrée mime ce qui vient d’être dit et ainsi de suite. Bastien nous alerte sur le fait que c’est important de ne pas prévoir ce qu’on va dire.

Deux groupes de travail en parallèle :

– L’atelier de TF en une heure !

– Comment travailler en binôme quand on est en désaccord

Comment travailler en binôme quand on est en désaccord (notes de Marline)
Joelle : Nous avions un atelier avec des détenus pour violences faites aux femme. Atelier d’une semaine dans une maison d’arrêt de Brest. 4 animatrices féministes bénévoles de l’association. Le 1er jour tout va bien, le 2eme on se met au travail avec dynamisme, mais une des 4 animatrices est découragée par la pression carcérale. 3ème jours ambiance difficile, la découragée exprime son mal être (se met à part pendant l’atelier, dit en debrief « ça ne sert à rien », elle n’y croit plus) Les autres animatrices ne savent pas quoi faire… Elles lui parlent, mais celle-ci reste bloquée dans sa lassitude. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit là, mais elle continue à venir, en se positionnant en neutre (ni animatrice ni participante).
La mission a pourtant été menée jusqu’au bout avec succès. Une analyse de pratique a été faite a posteriori, qui a révélé un écart de motivation par rapport au sujet. Notamment cette personne a trouvé que les autres sont (trop) en empathie avec les détenus…

Annie : Une collègue du Conseil Départementale perçoit le TO comme une obligation et n’est donc plus motivée, elle casse la dynamique du groupe en exprimant son ras de bol et pour autant elle ne veut pas lâcher, alors qu’il lui a clairement été dit qu’il n’y avait aucune obligation à ce qu’elle soit là.

Fatima : C’est OK pendant la préparation, mais lors de la mise en œuvre il y a des dissentions. Du coup le groupe de l’atelier devient moins motivé, ça devient difficile de raccrocher tout le monde. Quand on ne propose que des jeux, ça passe, mais quand on veut aller vers des récits, des témoignages, ça bloque.

Pierre évoque un atelier sur la peine de mort avec la LDH qui est contre, et vite des désaccords sur le fond émergent dans l’atelier.

Des pistes :
– Proposer de ne plus venir, de sortir.
– Echange (en équipe) sur les ressentis, les impacts sur les collègues
– Partager clairement les taches et s’assurer que tout le monde se sent bien dans sa mission
– Mettre en débat lors de l’atelier avec les participant.e.s : assumer le désaccord.
– Détecter le besoin d’être reconnu, le malaise, le faire s’exprimer
– Oser demander de sortir à la personne si elle ne propose aucune solution et n’accepte pas de changer : « tu n’es plus à ta place » et « on ne veut pas te mettre en souffrance ».
– Communication non violente : réfléchir sur ses propres besoins pendant un temps.
– Sécurité en prison : bip pour se faire aider si besoin, MAIS PAS de référent.e carcéral.e avec les intervenantes.

Conclusion :

Donner un message clair aux collègues

Définir clairement la facette de nous que l’on apporte dans les ateliers : militant ou animateur d’un atelier, ou membre participant avec son point de vue….

Atelier Théâtre forum en 1 heure (notes de Aude)

Jacqueline : avec un groupe de 12, je fais les connexions dans l’espace stop, puis par 6 (émergence d’une situation dans chaque demi-groupe, mise en scène et Forum. Le plus court que j’ai fait, c’est produire en une journée. Point de vigilance : si j’ai 2 groupes, que faire du deuxième groupe pendant la création.

Pauline : Idée du marathon, si 30 élèves, choix d’une scène sur les 5 ou 6 peoposées, pour en faire un forum.

Noémie : souvent, en 1h30, on essaie quand même de présenter toutes les scènes et de faire mini-forum + recherche de nouvelles propositions, stratégies pas vues encore.

Bastien : On fait les propositions à l’oral si on n’a plus le temps.

Fred : comment faire pour expliquer aux commanditaires que l’on ne veut pas faire du théâtre forum en 1h ? Nous, le seul truc que l’on a fait en 1h c’est du théâtre-image.

Jérôme : ça dépend ce que l’on a envie de faire. Si on a une thématique, on peut arriver avec une image ou un forum préconstruit.

Aude : en une heure, je fais un jeu, une image préconstruite pour les initier et ensuite image à 4 ou 5. Je leur dis qu’ils peuvent les joker entre eux.

Jean-François : C’est un problème si on n’a pas le temps de faire forum sur les situations amenées par les participantes.

Fabienne : chez nous quand c’est une heure, c’est un spectacle… Sinon c’est une séance de théâtre-images sans trop les impliquer perso.

Bastien : dans l’animation, se dire que l’on n’arrivera pas à l’objectif en 1h pour encourager les encadrants à trouver plus de temps pour aller plus loin.

Noémie : finalement, on n’a pas trop de demandes d’1h d’intervention. Une fois, on nous l’a demandé : on n’a pas fait payer, on a raconté l’histoire du TO et fait un petit forum.

Bastien : sur 1h, je le pratique cette année dans une maison d’enfant mais c’est une fois par mois. Pour le vivre, on se mobilise 1h à fond le mercredi qui est déjà bien surchargé. En 2h, est-ce que je ne les perds pas un peu.

Fabienne : 1h « one shot » est différent d’un atelier régulier.

Jean-François : le minimum à nous c’est 2h.

Aude : Comment on fait pour transmettre cela aux enseignants pour qu’il puissent le faire ?

Jérôme : je ne suis pas tranquille avec le fait de venir avec une scène déjà construite et faire forum.

Pauline : point de vigilance avec personnes pas formées sur la question.

Cyprien : on leur demande de faire des images par rapport à un sujet et ils improvisent dessus pour montrer le problème.

Darline : par rapport à la proposition de Jacqueline, je propose que les intervenants jouent la scène

Audrey : si on intervient dans un établissement scolaire, comment être garante de la confidentialité

Pauline : quels impacts réels cela va-t-il avoir ? Se questionner sur « pourquoi le faire.

Carine : cela me parait pas possible de le faire en 1 heure.

Synthèse : protection de la confidentialité et ne pas proposer en 1h d’aller vers une création perso. Essayer de négocier plus de temps avec les commanditaires.

Forum sur une scène du Potimarron

La scène a été montée avec une asso d’origine turque, qui a un poste de salarié qui aide les réfugiés ou les sans-papiers à trouver un emploi. La scène : des ouvriers Afghans demandent à la salariée de l’asso de pouvoir faire les vendanges, celle-ci appelle Pôle emploi. Pôle-emploi : « Je vous propose des viticulteurs proches de gares, appelez les ». La salariée appelle un viticulteur. Il dit qu’il a des postes, et du mal à trouver des vendangeurs, mais quand il comprend que ce sont des réfugiés, il ne veut plus en entendre parler, il veut des locaux.La salariée se demande ce qu’elle peut faire.

Forum :
Aude tente : elle dit que ces gens habitent Strasbourg (donc sont alsaciens). Mais le viticulteur se doute de quelque chose et demande s’ils parlent alsacien.

Christelle : elle se présente en disant qu’elle travaille pour une asso qui aide les réfugiés et lui propose de faire un partenariat avec son association. Puis elle coupe la communication. Elle explique aux Afghans qu’elle leur dira ensuite ce qu’il sortira des négociations.

Jean-Pierre : dit au viticulteur qu’il sait qu’il manque de personnel et qu’il est connu dans la région. Pôle-emploi les a appelés disant qu’ils ne trouvent personne pour ses vendanges. Il dit que lui a trouvé des gens, sont sérieux et qu’il a trois personnes super pour lui.

Darline : dit qu’elle a eu ses coordonnées par Pôle-emploi car elle est travailleuse sociale et que Pôle-emploi lui a dit qu’il a des postes vacants et qu’elle a trois personnes qui ont déjà travaillé dans des vignes. Le viticulteur dit qu’il va les rencontrer et voir. Du coup la rencontre se fait.

Christelle (depuis la salle) fait une remarque : moi comme travailleur social, je ne mets pas le haut parleur parce que je veux protéger les afghans. Je sais que je ne changerai pas l’oppresseur.

Annie : dit que ces personnes sont compétentes et que vous cherchez justement des personnes compétentes ! Elles ont fait des vendanges en Languedoc. Le viticulteur : « OK je les prends alors ».

Pauline : Vous n’avez pas à connaître leur nationalité car c’est illégal, c’est de la discrimination et je dois le signaler à Pôle emploi.

Retours sous la forme de «Je critique je propose »

– Le Modèle est très clair

– Proposition de faire une présentation des trois Afghans pour qu’ils aient une humanité et une personnalité chacun.e

– Proposition que les Afghans soient en devant de scène et pas derrière. L’A.S. et le patron parlent derrière, nous, spectateurs on reçoit ainsi directement l’émotion des Afghans.

Les annonces  publicitaires :

– Laboratoire : 8 au 11 juin techniques introspectives en Bretagne avec l’arc en ciel du désir. Il reste des places.
– Ficelle : avec Chamboule tout et Pas a passo d’Amiens on veut faire un stage de théâtre journal, date encore en suspens.

– Jean-François : Plusieurs Cies proposent des formations, aller se former ailleurs fait vraiment réseau.

Bilan du week-end:

Manon : Merci ça me fait beaucoup de bien. Ca me donne plein d’idées

Fabienne : je pars avec les ateliers de 1h.

Fabienne : je ne sais si le réseau est le lieu de s’auto former sur le travail de l’oppresseur

Jacqueline : je trouvais dur de loger chez l’habitant mais Thierry et Marie ont été super. Vraie rencontre.

Aude : On pourrait théâtraliser un peu notre AG pour qu’elle soit plus intéressante.

Jacqueline : mais j’ai jamais vu une AG aussi courte !

Audrey, ravie : j’espère pouvoir revenir. Frustration car trop court pour creuser davantage même si je suis fatiguée.

Carine : ravie de faire votre connaissance. 2 jours très intéressants. Bien aimé les forums sur nos difficultés d’animateurs ou jokers avec des interventions d’un haut niveau.

Fred : Adoré commencer le week-end par le spectacle de naje à Lyon. « Road trip » en auvergne.

Joelle : merci à toustes.

Pauline : super week-end. Je suis au début de mon chemin en TF. Les échanges étaient très constructifs. Mais, plonger dans une AG quand on arrive…

Marline : Vous vous posez vous aussi les questions que je me pose. Ca me fait peur et aussi me réconforte.

Jean-Francois : réjoui. Merci à l’équipe de préparation. Je fais de la pub au sein de mon groupe pour venir aux rencontres du réseau.

Jérome : je ne connaissais que Aude et Fabienne. Ca m’a donné l’envie d’en parler à mon collectif.

Delphine :N’oubliez pas : delphi.dupin@free.fr pour les cotisations. Et merci car je repars avec plus d’énergie.

Noémie : très bon week-end. Le faire à Clermont a permis que plus de personnes de Ficelle participent. Un peu frustrée qu’on n’ai pas pu plus creuser certains sujets.

Jean-Pierre : ça m’a posé des questions que je ne m’étais pas posées auparavant. Frustré qu’on ait peu parlé du web forum et du th. forum à l’école.

Bastien : chouette de rencontrer cette diversité. Il y en partout. Ca donne envie de gratter, de découvrir…

Cyprien : le réseau est vivant, on peut ainsi passer de bons moments. Merci aux organisatrices. Cool que des anciennes troupes soient toujours motivées à venir. C’est cool aussi quand on n’a pas d’intervenant extérieur. C’est pas forcément nécessaire.

Pauline : cool de vous rencontrer. Cool qu’on vienne aussi vous voir.

Cathy : Très contente de participer et de me dire que quelqu’un a organisé ça sur Clermont alors que je connaissais pas les troupes à côté de chez moi. Des groupes de Billom, Brioude sont venus qui ne seraient pas venus ailleurs peut-être. Et j’ai bien aimé les clowns.

Clôture de séance. Fatima pleure de joie, on se fait des bises, on se redit deux à deux comme on a été content.es de se voir… On se dit à bientôt…

Notes prises et rassemblées par Fabienne Brugel, d’abord envoyées à tous les présent·es puis mises en forme et relues par JF Martel. Les commentaires et les questions sont les bienvenues ! Les éventuelles corrections aussi. jf.martel@orange.fr

Une page commentaire est présente aprés chaque article du site. Voir ci-dessous les commentaires des deux co-secrétaires.

 

Rencontre N°16. Par Julian Boal: L’Ecole de Théâtre Populaire à Rio. « Les personnages scindés »

Rencontres N°16 du RTO: journée du samedi 12 novembre 2022

1) Julian Boal  nous présente l’Ecole du théâtre populaire (ETP) de Rio de Janeiro
Histoire de l’l’Escola de Teatro Popular (ETP).

Le mouvement des “travailleurs sans terre” avait organisé un festival d’art de gauche, et avait demandé à Julian d’être le curateur pour l’aile Théâtre de l’Opprimé. Julian a fait venir différents groupes, qu’il connaissait et qu’il ne connaissait pas, notamment l’école de théâtre politique de Buenos Aires, qui les a beaucoup inspirés. C’est un mouvement qui promeut l’autogestion des populations, et amène un écosystème d’espaces pré-figuratifs qui montre une sociabilité autre. Par exemple une école où les parents participent complètement à l’organisation mais aussi à la gestion des locaux, la propreté etc.

Cette école de théâtre politique a été une inspiration pour l’ETP, mais iels ont fait le choix de s’adresser à des militant·es et pas à la classe moyenne : les mouvements de jeunesse anticapitalistes et mouvements d’occupation rurale ou urbaine (type ZAD). Iels donnent des cours de TO et des cours de théâtre épique.

La question de l’esthétique s’est posée dans ces mouvements sociaux : l’ esthétique était très positive, très héroïcisante… Une rencontre avec une autre compagnie qui montrait la réalité des choses plutôt que montrer des symboles positifs inspirants, a donné envie d’une esthétique “plus négative”.
En mars 2018 : assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale à Rio. Cet événement a été le signe que tout le monde pouvait mourir. Suite te à ça, l’ETP a voulu devenir une école militante : manifestations à la suite de l’assassinat de Marielle Franco, et scènes jouées autour de ces manifestations pour parler avec les gens qui n’étaient pas dans les manifs, essayer de vaincre la peur et reprendre la rue, convaincre les gens qu’une bonne rage c’est une rage organisée.
Malgré tout ça, Bolsonaro a gagné la même année. Nous avions besoin d’être plus fort·es et plus organisé·es : envie d’être une école-réseau d’ateliers de théâtre, tous faits en collaboration avec des mouvements sociaux.
Certains mouvements sociaux organisent des écoles « pré -bac”. Mais la durée, le programme de ces écoles restent déterminés par le calendrier et les sujets imposés par l’État. Pour notre théâtre, iels pouvaient choisir des sujets différents, pas de critère de matière scolaire. De plus, le théâtre organise les gens dans leur quartier directement.
A ce moment, l’école commence à être beaucoup plus grande (plus de 60 personnes), et propose des formations anti-capitalistes, féministes, etc. Elle commence à être financée par deux député.es. Et là, la crise sanitaire arrive : l’ETP est obligée de s’organiser autrement, c’est difficile pour des questions financières, d’espaces disponibles, ,etc. L’ETP devient plus académique (beaucoup d’étudiant·es) et se “blanchit” un peu. Au bout d’un certain temps, il y a eu une fatigue d’internet et du fonctionnement covid. Enfin, les vaccins arrivent : petit espoir.
Pendant la pandémie nous avons fait des distributions de carnets de poésies avec les paniers alimentaires.
Mais l’ETP n’avait pas vu la transformation de Rio post-pandémie : d’un côté l’ETP arrive à grandir (8 groupes au lieu de 4) mais des groupes très faibles (3 à 5 personnes par groupe, au lieu de 10 ou 12).
De plus, il y a des gens pro Bolsonaro dans les groupes ! Certes, un objectif était de sortir de l’entre soi de gauche ! Mais là, c’est devenu difficile de se parler. La vie des gens est aussi complètement différente d’avant la pandémie : par exemple des lycéen·es cherchent beaucoup moins à rentrer en fac… parce qu’il n’y a plus d’argent. Il y a maintenant beaucoup de décrochage scolaire pour raisons financières.
La question qui se pose alors : comment parler aux gens qui ne vont plus dans les structures où iels se rencontraient avant ?
Remarque sur les fake news. Les personnes y croient parce que :
1) leur vie est déjà absurde donc les fake news sont moins choquantes pour elles
2) c’est confortable, et plus facile de suivre une structure qui répond à tes besoins, et prônent solidarité et sociabilité : et là, les églises évangéliques sont très fortes.

Il nous faut donc nous aussi créer des mouvements de solidarité : la sociabilisation via les représentations de théâtre.

2) LES PERSONNAGES SCINDES : Julian nous propose d’explorer ce concept. Pour cela, voici des exercices 2 par 2, en mode foire. (c’est-à-dire que tout le grand groupe travaille simultanément).

Le Samouraï.
Duel (sans parole) de deux samouraïs : chacun est terrifié par l’autre et pense que l’autre est plus fort, mais chacun veut combattre.

Attirance et peur.
Un couple d’adolescent·es du même genre s’aime mais aucun·e ne s’est révélé·e à l’autre. Iels ont peur de se montrer et en même temps sont très attiré·es par l’autre.

Avec quelqu’un qu’on déteste, convaincre un auditoire.
Peu importe le thème, on doit convaincre un public (fictif) aux côtés de quelqu’un qu’on ne supporte pas. Les deux personnes se coupent la parole, essaient de reprendre le focus, mais en tentant de ne pas montrer leur antagonisme au public.

Garder bonne figure.
Couple séparé depuis 3 semaines, resté en couple pendant 4 ans. Une personne n’en pouvait plus, elle est partie. L’autre personne est extrêmement malheureuse, ne dort plus etc. C’est la première fois que le couple se revoit. La personne malheureuse ne veut rien montrer de sa souffrance. L’autre personne n’a ni angoisse, ni volonté de contredire, elle est juste tranquille, « gentille ».
Dans cette improvisation, on utilise un objet important (ou qui le fut) : des clés, une lettre, un bibelot, peu importe. A un moment donné, par hasard, ils entendent… “leur” musique ! Celle qu’ils ont tant écoutée ensemble ! La personne malheureuse s’en rend compte, l’autre pas du tout.

L’employé des pompes funèbres.
Il est en totale empathie avec une personne qui pleure son grand-père devant le cercueil, et qui réagit de manière très extravertie, avec cris et pleurs. Mais par sa fonction, il doit le faire « dégager » sans tarder car un autre corps arrive !

Un·e ado annonce son homosexualité à un de ses parents.
L
e parent lui répond en apparence en acceptant, mais au fond de sa pensée et de ses convictions (et donc dans son discours) il est totalement homophobe.

COMMENTAIRES : Les contradictions ont toujours été utilisées pour construire des histoires. Pour Brecht : l’acteur qui incarne un personnage ivre ne joue pas l’ivresse mais la tentative de cacher l’ivresse. On peut voir dans “Ventres glacés” de Brecht une séquence (du film) qui montre bien la contradiction du personnage.

Un exemple clair de personnage scindé.
Dans“mère courage” de Brecht, cette mère de trois enfants, pour survivre et leur donner à manger, profite du marché désorganisé en temps de guerre, en vendant diverses marchandises avec une charrette à bras, que ses fils l’aident à tirer. Ils rencontrent des soldats qui s’intéressent au plus âgé et prêchent pour l’enrôler. Elle veut éloiger son fils, pour le sauver, mais un des soldats la retient longuement en lui achetant quelque chose (vendre est indispensable pour elle). Pendat ce temps, l »autre soldat parvient à emmener le jeune…
Comme mère elle doit nourrir ses enfants (donc rester et vendre)
Comme mère elle doit les protéger de l’enrôlement (donc partir, éviter ces soldats)

Ce type de scène permet de sortir du strict « inter-individuel » (la relation mère – le soldat) sans pour autant rentrer dans une scène didactique avec des statistiques.
Notre exercice de base à l’ETP : créer des images contradictoires. On essaie ?

Trois groupes préparent une scène amenée par le vécu d’un·e participant·e.
1) A l’hôpital:
Vouloir faire bien son métier en tant que soignant·e (accompagnement et soin) et en être empêché·e par le temps et les moyens humains qui manquent. Une infirmière accueille et accompagne une personne hospitalisée très angoissée, qui se sent au bord de la mort. Elle reste au bord de son lit, mais pendant ce temps là, la sonnette du voisin retentit, puis on entend celui-ci appeler et répéter « vite, vite, ma poche de transfusion est vide » Un « cadre de santé » surgit et dit au soignant “Enfin ! Faites votre boulot”. « Je peux pas être à deux endroits en même temps, aidez moi ! »
« Ce n’est pas mon travaii, et du travail, je n’en manque pas, moi non plus !”
COMMENTAIRE : la contradiction est liée à l’organisation du travail : ce n’est pas un manque de volonté, c’est l’organisation concrète de ma profession qui se contredit : Je dois réconforter ET soigner. On peut ainsi considrer que le cadre de santé est lui aussi scindé.

2) A l’école :

  • Un enfant « en situation de handicap » aujourd’hui son AESH est absente. L’institutrice se retrouve devant la crise d’angoisse de l’enfant, tout en ayant le groupe classe à gérer, la continuité des programmes, du cours à assurer…
  • COMMENTAIRES :
    -Quelle est la réalité et comment s’exerce-t-elle, à propos de la contrainte à continuer le programme à l’école ?
  • -L’ensemble des besoins des enfants ne peut pas être couvert. Comme dans la première scène.
  • -Quelques idées pour enrichir la scène :
    Le système et les programmes peuvent être représentés par les inspecteurs. Ou par la directrice, qui reprocherait à l’enseignante soit le choix de faire des jeux avec les enfants (l’enfant angoissé à bras) soit de laisser la classe étudier en « autonomie » pendant qu’elle tente de rassurer celui-ci.

3) La subvention pour les ateliers théâtre :

  • Réunion. La Directrice du Centre Social dit à l’intervenante théâtre : “C’est super votre travail, on veut continuer à bosser avec vous. Mais je n’ai plus de budget”. Le fonctionnaire territorial dont dépend la subvention arrive et annonce : cette année, “lutte contre la radicalisation ET prévention des addictions”. Le projet est à déposer sous 3 jours, en co-création avec les parents.
    Combien d’heures en tout ? (très peu). A réaliser dans les 5 mois à venir, avec un spectacle à la fin, pour que « les parents prennent conscience des problèmes de leurs enfants ».
    L’intervenante : “ok pour des ateliers avec les jeunes, mais pour un spectacle, il faudra voir avec eux ».
    Scène suivante : une ado annonce “Je veux pas faire de spectacle.”
    La directrice demande à l’intervenante de défendre le projet devant la jeune, « vous pourriez faire des ateliers intéressants avec les jeunes et puis, hop, une présentation drôle avec les parents, allez ! Vous savez si bien faire !… » Comprenez qu’il le faut, sinon je n’aurai pas le budget ». COMMENTAIRES :

– Une injonction paradoxale : faites ça, mais on ne vous donne pas les moyens.
– Le pire, c’est que si on accepte et on arrive quand même à le faire, alors on justifie qu’on peut faire mieux avec moins.

  •  

De l’mportance de construire des images
D’abord parce que cela permet de montrer comment on est soumis à des processus dont on est conscient ou pas. L’image montrée peut créer la distance et aider à la prise de conscience.
Exemple : Comment montrer le problème de l’esclavage sans le réduire aux actions des maîtres face aux esclaves ?
Dans les scènes de tout à l’heure, il y a une condition sociale qui ne permet pas de sortir de la contradiction. L’oppression fait que le personnage est scindé. .

Quelques exemples et réflexions :
Au Brésil, dans une scène, la poiice arrête un Indigène en amazonie. Spontanément, on se dit qu’il s’agit d’un banal abus de pouvoir raciste. Mais cette homme vit de la destruction de la forêt, et donc contrevient à la loi !
La situation est telle qu’on vit aussi de ce qui nous détruit. Ce qui engendre la folie.
-Les vignerons mettent des pesticides et leurs enfants naissent avec une maladie.
-En France, le travail social construit lui-même des catégories. Jusqu’à parfois étiquetter des enfants « neuro-atypiques » pour gagner des droits liés à ces pathologies et continuer à survivre. Ainsi il faut parfois trouver des raisons médicales pour pouvoir être demandeurs d’asile et rester en France. Pour cela il faut donc se montrer « malade ».

L’opprimé est-il conscient de ce qui lui arrive ?
Dans les théâtre forums, c’est souvent le cas. Là, la proposition n’est pas forcément le cas. Ainsi dans Brecht la “mère courage” veut vivre de la guerre sans payer son dû à la guerre. Elle cherche aussi son enfant que l’on sait mort. Le personnage ne comprend pas ce qui se passe, mais le public, lui, comprend.
On n’a pas forcément besoin de modèles sur scène qui donnent de l’espoir, et qui ainsi proposent au public des modèles à suivre.
On peut aussi monter des spectacles de forum où il n’y a pas que des scènes d’interventions. Ces scènes d’interventions ne sont pas des face à face entre l’opprimé et le grand oppresseur.
A l’ETP, nous proposons en atelier des scènes modèles, et demandons aux participants de construire leurs propres scènes à partir de ces modèles.

A propos des « subversifs soumis ».

Penser les possibles alliés comme des subversifs/soumis nous permet de faire des forums sur la construction d’alliances et ses difficultés. Ceci, plutôt que sur la confrontation directe entre un opprimé et les grands oppresseurs.

Exemple : Je ne fais rien contre la gentrification des favellas parce que ça me rapporte quelque chose : des norvégiens y achètent des maisons, une boîte de nuit s’y installe, jamais il n’a été dépensé autant d’argent dans la favella… Le conducteur de moto-taxi gagne pas mal d’argent avec ce type de clients, mais il participe ainsi à la destruction du milieu de vie de sa propre famille.
But du théâtre forum :
Pour l’ETP, le but n’est pas que ça se résolve sur scène, mais que ça crée de la mobilisation. Pour nous, le TO cherche à rassembler les classes populaires pour lutter contre les oppressions. Augusto Boal : “C’est plus important une bonne discussion qu’une bonne solution”
Les oppressions dont souffrent les gens ne peuvent pas se résoudre à l’échelle individuelle. Le problème n’a pas commencé dans la salle de l’atelier, comment pourrait-il se terminer dans cette salle ? Augusto Boal : “C’est plus important une bonne discussion qu’une bonne solution.”
Attention : on peut faire des TF qui « tournent bien », qu’on joue souvent, mais qui n’ont pas de liens avec les conjonctures sociales et politiques, donc peu d’impact… On ne joue pas de spectacle simplement pour jouer, mais pour contribuer à l’alliance entre mouvements sociaux.

Un théâtre de guérilla se pose la question :
Quelle est la conjoncture sensible ? Comment se positionner ?

Notes mises en forme par JF Martel, relues et complétées par Julian Boal, à partir des notes de Carole de la Cie les incarnées (Lyon) et pas de Béatrice Charreton, comme annoncé ! (désolé de cette erreur d’attribution !) Merci à elle.

En classe, avant le théâtre forum !

Bonjour,

j’ai écrit un long texte qui va être publié par le mouvement Freinet, pour expliquer tout d’abord comment je suis venu au TO. ensuite, comment j’ai développé les TK du TO avec des élèves de 9 à 11 ans. En voici le premier chapître. Les xpériences des autres avec des petits m’intéressent évidemment et peuvent venir en complément. Amicalement JF Martel 06 85 54 99 68

Théâtre libre en classe unique. Oudeuil (Oise) 1973
La vérité du théâtre.


Dans la classe coopérative de mon village, où je pratiquais la Pédagogie Freinet avec dix-sept enfants de quatre à douze ans, j’avais institué des séances hebdomadaires de théâtre libre, à côté du dessin libre, du texte libre, du chant libre.
Elles se déroulaient ainsi : un petit groupe prépare une scène, autour de l’enfant qui a annoncé « J’ai une idée », un autre groupe aussi, parfois un troisième, et leurs improvisations sont jouées au centre d’une scène délimitée par le cercle des chaises de la classe.
Pas de distinction pure et dure entre la scène et la salle : les spectateurs (les autres enfants et moi-même) ne sont pas passifs : chacun·e peut s’exclamer et utiliser ce mot magique : « Je critique», sous le contrôle de l’enfant président de séance. Alors, il ou elle doit venir sur scène et proposer une variante pour un des personnages…

Varier, varier, certes, mais… pourquoi ? Pour arriver à quoi ?

L’histoire racontée ce jour-là se passe dans le milieu familial. Après le repas, les enfants vont faire des « bêtises dans les lits ». Par bêtises on peut aisément comprendre, (ce qu’on voyait d’ailleurs à l’œuvre sur scène) une copieuse séance de trampoline sur les sommiers, suivie d’une magnifique bataille de polochons, avec vols de plumes (des chiquettes multicolores de papier brouillon). Tout se termine par la chute que tous attendent : surgissement des parents, cris, et fessée paternelle suivie d’une privation de telle ou telle activité pour une durée appréciable.
Les « Je critique » fusent alors, assortis de propositions où les enfants veulent imposer leur « démocratie libertaire », et donc mener à bien sans entrave leurs bêtises dans les lits. Remplacement des rôles des enfants, des parents… Rien n’y fait ! La scène se termine toujours par une bonne fessée, ou une punition mémorable… Retour à l’ordre, donc.
Moi qui croyais favoriser la contestation… Dépité, j’en parle timidement dans mon groupe de recherche Pédagogie Freinet. D’où le dialogue suivant :
– Comment les aider à ne pas rester sur cet échec ?
– Échec ? Mais au contraire, c’est génial !
– … ?
– Oui, ça prouve qu’ils ont pris au sérieux tes consignes !
– … ?
– Tu leur as bien dit qu’on doit chacun jouer son rôle avec sérieux ?
– Euh, oui….
– Donc ceux qui jouent les parents doivent jouer comme des parents ?
– …
– C’est bien ce qu’ils font : ils mettent en scène les rapports de domination générationnelle et d’autorité patriarcale tels que notre société…
– Stop ! Je n’ai jamais parlé comme ça en classe.
– J’espère bien ! Mais ils sentent et vivent ces rapports de force, sinon, le petit qui joue le gamin sauteur aurait donné la fessée aux deux élèves qui jouaient les parents : tu vois, ils ont pris leurs rôles au sérieux…

Le théâtre, c’est sérieux, et si c’est sérieux, ce qui se passe sur scène, et bien, tout simplement, c’est vrai. Les enfants et moi, nous n’avions donc pas du tout échoué, les acteurs avaient mis en scène… la réalité. « L’image de la réalité est réelle en tant qu’image ».

Jean-François Martel 06 85 54 99 68

Avec un groupe nombreux

AVEC UN GROUPE DE 70 PERSONNES, QUELS JEUX ?
La question était posée par nos amis de L’attelage le 6/1/23 lattelage.tf@gmail.com «  Pour les besoins d’une intervention avec un groupe de 60-70 personnes (des membres de communauté professionnelle territoriale de santé) nous sommes à la recherche d’un petit jeu d’introduction. On fait rarement des interventions avec autant de monde et c’est une interrogation qu’on a souvent, alors c’est l’occasion de demander au réseau » Frédérique et Cyprien.

4 réponses successives :
1/4: de JF (Lille) jf.martel@jf…
Quelques idées (pas originales ) que j’ai proposées avec un grand groupe (GG) ou en spectacle de TF avec toute la salle (TF).
Bien Entendu : l’hypnose colombienne (guider l’autre avec sa main) et ses variantes.
De même guider son aveugle (la voiture aveugle) sans oublier de faire la réciproque.
1,2,3 de BradFord (remplace le 1 par un geste et un son, puis le 2 le 3 ) il me semble que la plupart de nos jeux à deux fonctionnent…
Il m’arrive, si la salle est assez grande, de diviser en deux groupes, si on est deux animateurs….
Compléter l’image bien sûr, occuper l’espace et se regrouper, le cercle de noeuds (en 2 sous groupes), hommage à Magritte, les machines, les rituels (tjrs en 2 x 30 ) je ferais aussi du théâtre image en 2 x30 ).
J’ai eu un GG comme ça sur l’accompagnement des migrants, une seule journée d’intervention, dans le Tarn et nous avions regretté de ne pas avoir fait 2 sous-groupes, car nous avions à la fin 12 scènes à regarder et… c’est trop ! Peut-être créer 6 scènes dans chaque sous-groupe, les travailler en sous-groupe, puis n’en présenter que deux en tout en GG, ça aurait été mieux !
La main perdue (et retrouvée) en deux sous-groupes…
Note : se pose aussi le critère de séparation entre les 2 groupes : le hasard ? Ou une appartenance différente ? À réfléchir !
Amicalement Jean-François 

2/4 d’Armande, (Genève) armande088@gmail.com
Ce que je fais quand j’ai un grand groupe qui est d’accord avec le fait de se toucher les mains. C’est le jeu des bonjours. Chaque personne serre la main d’un autre et ils ne peuvent pas la lâcher tant que chacun n’ont pas trouvé une autre main à serrer. Ça fait des couples qui s’échange. Permet de se dire bonjour ou/et son nom, etc. 
Ou le jeu du coup d’œil. En cercle, quand on attrape le regard d’un autre on change de place avec lui-elle en traversant le cercle en essayant d’être à la même cadence et sans s’entrechoquer avec d’autres qui font la même chose en même temps. 
Voilà. Belle animation! Armande

De Nour, groupe A l’affût (Paris) compagniealaffut@gmail.com
Voici un jeu que je n’ai jamais fait avec un groupe aussi nombreux mais je pense que ça peut fonctionner si le groupe est à l’écoute. 
Demander aux participants de dessiner un cercle imaginaire (dans l’air- devant soi) avec la main droite en tournant l’index dans le sens de l’aiguille d’une montre. 
Et dans un deuxième temps avec l’index de la main gauche dessiner un carré. 
Et dans un troisième temps demander au groupe de dessiner, en même temps,  un cercle avec l’index de la main droite et un carré avec l’index de la main gauche. C’est difficile d’y arriver 🙂  
C’est pour cela que juste après le jeu et avant de joker une situation on peut dire à l’assemblé une phrase de type : Ce que nous allons faire maintenant et beaucoup plus simple de ce que nous avons tenté lors du jeu ; histoire de démystifier la partie théâtre forum.
Amusez vous bien. Nour

de Julien, de l’association Un pas de côté, (Angers) julien.estival@un-pas-de-cote.org
J’ai fait une matinée de jeux à 70 (avec des 16-30 ans). Cela dépend du temps devant, mais le Moustique burkinabé avait très bien fonctionné et cela donnait quelque chose de très chouette de voir une dizaine de moustique circuler dans un énorme cercle. On était 4 en animation (1 principal et 3 en relai) :
1/ Faire tourner un moustique en 4 sous-groupes pour que tout le monde intègre le jeu (5-15min)
2/ En cercle, prendre bien le temps d’expliquer qu’on va lancer plusieurs moustiques et c’est parti (5min)
3/ Selon le thème qui suit, il est possible de rebondir : sur le rythme collectif que vous invitez les participant-e-s à prolonger, sur la solidarité nécessaire / regard que vous invitez à porter sur le forum qui suit, sur le fait que les participant-e-s viennent de faire du théâtre sans s’en rendre compte et que vous les invitez à garder cette énergie / intervention forum, etc…
On avait aussi fait un espace stop à 70 (cadre plus institutionnel, pour un réseau d’initiative jeunesse). C’était très chouette pour entrer en douceur dans le thème :
1/ Comme sur un immense radeau qu’il faut maintenir stable, tout le monde se déplace et circule en se répartissant, en comblant les vides et en anticipant les trajectoires des autres. Quand vous claquez des mains, chacun-e s’arrête et on observe si on est bien réparti sur le « radeau ». On « triche » éventuellement en comblant les vide, avant de repartir.
2/ La prochaine fois que vous allez taper dans vos mains, les participant-e-s vont devoir se répartir selon des critères objectifs : par 2, 3, 4, 15 – le plus rapidement possible
3/ Idem avec par exemple : couleur des chaussettes, puis couleurs des yeux
4/  Idem avec des éléments qui se rapprochent de votre forum (ou autre). Pour une intervention sur les discriminations racistes, on avait commencé par : plats préférés, insulte favorite (ou la plus entendue)
5/ Vous vous placez au centre de la salle, vous indiquer le nord et vous invitez les participant-e-s à se positionner selon l’endroit d’où ils viennent, pour former une « carte humaine » : cela peut être l’endroit où chacun-e habite, travaille ou son lieu « d’origine » (pour introduire cette question omniprésente visant les personnes racisées), etc…
Il y a énormément de variantes à essayer. L’important est la gradation des consignes, et de terminer par quelque chose de spécial : carte humain, image ou mime du mode de transport utilisé pour se rendre dans la salle.
Côté technique, j’ai constaté que cela marchait mieux à la voix (avec des crieuses et crieurs qui faisaient le relai des consignes) ou avec un mégaphone, qu’avec un micro – qui écrase la voix et qui crée une « interface » entre les gens et le joker ou la jokeuse.
Bonne inspiration ! Julien

Rencontre N°15 avril 22

Rencontre du réseau TO N°15 à Loguivy-Plougras, les 23 et 24 avril 2022.Nous étions une vingtaine (liste à la fin du CR) préparation, animation : Jean-François (Et Toc!), Cyprien (L’attelage) Marilableu (Folies passagères).
SOMMAIRE:

1ère partie: présentation, jeux, nos attentes, histoire et connaissance de notre réseau TO. pages1 et 2

2èmepartie : « le privilège blanc » Intervention de Saïd Bouamama (texte séparé)

3ème partie: les scènes montées au cours du week-end, nos débats. pages 3 et 4

4ème partie: les jeux et exercices pratiqués ce week-end, à partager. page 5

5ème partie : AG statutaire, membres, site, (p6) bureau, prochaine rencontre, listes. (p7)

Sur fond jaune : propositions et décisions. Et (entre parenthèses et en italique : notes du rédacteur)

PREMIERE PARTIE : REFLEXIONS SUR NOS BESOINS, SE PRESENTER
1) Nos besoins : Joie, écoute, attention même au non verbal.
2) Partager les tâches, ½ journée par ½ journée :
prendre des notes,
être bergèr.e – oreille (disponible pour porter une parole dans le collectif si besoin)
répartir la parole.
3) Nos attentes pour le week-end.
3 petits groupes proposent :
travailler sur le privilège blanc,
se rencontrer et échanger,
faire et entretenir des liens,
partager des expériences,
ne pas oublier les pauses, le tout dans la convivialité. !

PRESENTATION COLLECTIVE DE NOTRE RESEAU (en 6 points)
J
eu de l’escargot de la connaissance
: Ceux et celles qui en connaissent le moins commencent à dire à haute voix ce qu’ils savent du réseau, puis les « un peu moins nouveaux » puis… au fur à mesure, on accumule des informations, sans que les « sachants » monopolisent la parole !

1) Généralités :
– On se réunit 2 fois par an.
-On invite parfois des intervenant·es extérieur·es
-Certains groupes proposent des résidences, des formations
-Les groupes adhérents cotisent
-Un groupe, une voix
-Nos valeurs : lutte contre les oppressions, échanges entre praticien·nes, coopération et non concurrence.
-Nous faisons parfois des rencontres en visio, notamment durant le confinement.-Nous sommes en relation avec des groupes de T.O à l’étranger : groupes de Liège, de Guyane, de Suisse, d’Italie.-Nous souhaitons des transmissions : des plus anciens aux plus nouveaux, (et réciproquement !)

2) Nos outils de communication :
-notre liste de diffusion-discussion (136 adresses) où chaque abonné·e peut écrire.
notre site internet : c’est notre vitrine extérieure et intérieure. Il présente les actions et réflexions des groupes, nos thèmes, nos résumés, nos exercices… La rubrique « voyages dans le réseau » fait profiter tout le monde des visites chez les copains.
3) Notre fonctionnemen
t
– Un bureau, (pas de CA), qui peut prendre des décisions urgentes (rares) en l’absence d’AG.- -Tout le monde peut prendre des initiatives au sein du réseau.
– Nous tenons à une gestion collective, horizontale : notamment par l’agenda et la liste des membres sur le site, qui permettent l’appel de membre à membre (transmission, questionnements, réponses, soutien sur le contenu, entraide).
– Les demandes et propositions d’aide existent, notamment la mise en commun de techniques, d’images dites « projetées », le partage de scènes existantes.
– Nous proposons des séances d’analyse de pratique en visio (initiative prise par un groupe) La prochaine : jeudi 30 juin de 18h30 à 20h30 lien :https://meet.jit.si/reseautoapp

4) La Création du réseau TO
-Le réseau nous permet de nous démarquer d’autres réseaux existants.
-Dans notre réseau, nous avons une vision commune, notamment à propos de l’oppression, de l’existence d’oppresseurs, contrairement à d’autres réseaux qui tendent à réduire les conflits à des questions de communication.
-La création du réseau a eu lieu en 2013, 15 ans après l’explosion du Centre du Théâtre de l’Opprimé d’A. Boal de Paris. L’idée a ensuite mûri lors de rencontres de théâtre forum à Strasbourg, et à Lille, notamment autour du Potimarron, de TOP !, de Naje (et d’autres).

5) Pour rentrer dans le réseau :
-Un groupe est en accord avec nos valeurs, quelqu’un·e du réseau a vu un spectacle ou une intervention du groupe, le groupe se présente à une rencontre du réseau.

– Comment sort-on du réseau ? Certains sont partis. Le réseau n’a jamais demandé à un groupe de partir, mais après un an sans signe de vie, ni cotisation malgré les rappels, ce serait possible.

6) Y-a-t-il eu un festival de TO en France ?
Un festival international en 1991 à Paris-Massy, avec Boal, puis des festivals d’initiative régionale (Notamment ceux organisés par le Potimarron, et TOP!)Organiser un festival du réseau ? L’idée a été évoquée plusieurs fois, mais on n’a pas encore eu la réflexion sur les buts, les moyens, la faisabilité.


LES GROUPES :
Sept groupes sont présents, dont deux nouveaux groupes qui se présentent
.
Matières vivantes : Fanny y est en stage. Le groupe se situe « plutôt » dans la Drôme. Travaille sur le consentement dans la danse, intervient partout en France lors des festivals, un peu dans des écoles, et mène des stages. 3 personnes dans le noyau dur, dont Manou qui vient de Et Toc ! et des bénévoles.

Le double des clés : vient de prendre contact avec le réseau. Implanté à Paris et… à l’autre bout du pays : Dans la vallée de la Roya. Plusieurs activités, danse, éduc pop, théâtre de ‘opprimé.

Les groupe qui ne le font pas régulièrement sont invités à donner leurs dates, écrire quelques lignes sur leur actualité et à communiquer leurs thématiques de travail.

2ème partie: texte sur la conférence-débat de Saïd Bouamama sur le privilège blanc,
.
voir à la fin du CR (texte de 6 pages)

3ème partie
Mise en pratique de nos réflexions sur LE PRIVILEGE BLANC  : scène A, scène B,
C) nos débats : violences conjugales et de genre, la non binarité, les mouvements sociaux…

A) une scène de forum « racisme » où un problème se pose :

Ce jour là, au cours du forum, quelqu’un dit «« de toutes façons le racisme anti-blanc, ça existe aussi ». La jokère fait comme si elle n’avait pas entendu.
Que faire ? Et surtout « QUI » peut faire quelque chose ?
Evidemment les remplacements vont dans le sens de dire, d’une manière ou d’une autre qu’il s’est passé quelque chose ! Ensuite ?
Renvoyer à la définition du racisme ? Insister sur la notion de hiérarchie et de pouvoir ?
Mais le modèle contient-il des personnages qui peuvent intervenir en ce sens ?

B) Un autre groupe a improvisé une scène sur « le vote »
2ème tour des présidentielles aujourd’hui ! Rappel : hier Saïd demandait si le luxe de ne pas voter entre Macron et Le Pen serait à ranger dans les « privilèges blancs » ? Les blancs seraient en effet bien moins exposés que les migrants racisés si l’extrême droite venait au pouvoir.

3 images successives.

1ère : « Avant le vote » : analyse des personnages. Le public est invité à placer une phrase dans la bouche d’un personnage, éventuellement à le rempalcer (en restant fixe)

  • Recours à l’histoire, analyse historique : rappel des circonstances de la montée au pouvoir d’Hitler, et de son arrivée par les urnes…
  • Demander aux personnes qui ne peuvent pas voter leur intention de vote.

2ème : « Pendant le vote » (même travail)

3ème : « Les résultats » : dans l’image, Le Pen a gagné les élections, la police a pris du pouvoir.

Proposition de la jokère, et long débat : aller montrer ces trois images ?
devant le bureau de vote de Loguivy-Plougras ? Ou dans un autre village ? On questionne cette idée de théâtre d’intervention directe et immédiate, son utilité, les conditions de faisabilité.
Décision : pas d’action cette fois, mais réfléchissons à des actions collectives au nom du réseau

C) trois débats à partir des réflexions notées sur des fiches tout le long du week-end.
Dimanche après midi, nous retenons les sujets suivants :

-la non binarité (de genre) au sein du TO
-le travail avec des ONG
-quand le public d’un forum est différent des opprimé·es
-TO et mouvements sociaux
-partager des expériences originales
…Finalement, trois groupes se forment. Retours de leurs discussions.

– 1) Travailler avec des auteurs de violences conjugales :
travailler avec le langage non verbal. (Nota : qui l’a déjà fait dans le réseau ? Voir aussi le document d’Olivier -en anglais- sur son travail avec les auteurs de violences de genre).

-2) TO et mouvements sociaux le réseau pourrait-il aider les groupes à être plus présents ?
– Souvent il faudrait intervenir « en temps réel » dans les mouvements sociaux, et nous n’avons pas le temps. Pourtant, des actions déjà menées par des groupes pourraient être reprises par d’autres Quelques exemples :
-Les femmes de chambre de l’hôtel Ibis en grève, il y a 2 ans, comment les soutenir ? Un groupe au moins (Féminisme enjeux) avait un théâtre forum sur le sujet, comment aurait-il pu servir à populariser cette lutte ?
-La loi travail : TOP ! avait créé une scène, jouée des dizaines de fois dans la rue, sur les marchés, etc… Comment le réseau aurait-il pu s’en emparer ?
-Il y a longtemps Naje avait créé « les impactés » lors des suicides qui ont suivi la restructuration de France -Télécom, et une scène pour les Fralib (les ouvrières qui montent uen SCOP)…
– Le forum diffusable de TOP ! sur les Sans Papiers…
Comment mutualiser nos efforts ? 

3) Dans nos théâtre forums contre le sexisme, comment sortir de la binarité ?
-Qui on remplace ? Comment on nomme les personnes ?
-Faire confiance à l’intelligence du public pour sentir si le remplacement est crédible ou pas (nota : au joker aussi de solliciter cette intelligence collective)
-Quelqu’un vient sur scène et est capable de renverser la situation
Exemple type : un homme prend la place d’une femme victime et « s’en sort ». Pour ne pas générer du mal être, le ou la jokère doit être vigilant·e et nommer ce qui vient de se passer (ici, « adopter les codes et les manières de la virilité »)
-Le comédien oppresseur a aussi sa part à jouer :
(par exemple jouer comme s’il était face à l’identité réelle du spectateur sur scène, et pas face à la « fausse » identité qu’il prétend incarner).
-Rappeler à la personne qui vient remplacer l’opprimé·e qu’elle doit évaluer sa légitimité. Tu as à dire sur cette question ? Tu es concerné·e ? Tu t’identifies ? Tu te sens « allié·e » ? )
-Autoriser un homme à remplacer une femme ?
cela peut lui permettre de « se mettre à la place de »… Si cela peut être un exercice intéressant pour quelqu’un du groupe oppresseur, c’est à discuter ! !Notamment à propos des conditions nécessaires pour que ce soit réalisable…)
Enoncer au début « on va d’abord laisser les personnes les plus proches de notre opprimée venir sur scène » ou : « les personnes qui pourraient se retrouver dans cette situation ».
– Au sein de nos groupes : inviter des personnes queer, apprendre à mieux se connaître, ne pas considérer le genre comme immuable.

fin de la partie 1

S. Bouamama : Le privilège blanc

Intervention de Saïd Bouamama sur le privilège blanc
notes prises au cours de l’AG du Réseau TO, le 23 avril 2022. 6 pages.



I) prologue : les 3 déterminations : classe, sexe, race (page 1 et+)
II) inégalité, idéologie, capitalisme, (page 2 et +)
III) quelques banalités (page 3 et +)
IV) notion de privilège (page 4 et +)
V) conséquences de tout cela, questions / réponses, commentaires (pages 5 et 6)

Références : Magali Bessone et Matthieu Renault, WEB Du Bois : double conscience et condition raciale, Editions Amsterdam, 2021.

I) Prologue :

On naît tous de manière déterminée. Si je suis homme, i@l va me falloir un effort intellectuel pour comprendre ce que c’est que le fait d’être une femme.
C’est pareil pour l’expérience d’être une personne racisée, quand on est blanc !

D’autre part, il y a des choses dont j’hérite et que je ne vois pas.

 

Il existe trois grandes formes de détermination :

 

A) La classe sociale.

1. Mon origine sociale. (par exemple, fi je suis fille d’un PDG, on me demande de faire une intervention de TO auprès d’enfants de mineurs dans le Pas de Calais… Ce n’est pas facile pour moi… Chacun d’entre nous a hérité de son origine sociale des représentations, des manières de réagir, des visions du monde, etc. qui déterminent sa manière d’appréhender le présent et les évènements quotidiens.

2. Ma Situation sociale : ce que je fais maintenant. La place sociale occupée détermine également mon regard sur une situation ou un évènement. Un directeur ne voit pas les mêmes choses qu’une femme de ménage du fait qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes et au mêmes attentes.

3. Ma position sociale : Ce que je décide, ce que je veux être : mes choix politiques. A la différence des représentations héritées de mon origine sociale ou accompagnant ma place sociale, ces représentations sociales sont le résultat de la conscientisation.

 

Mes réactions concrètes sont une position intermédiaire entre ces trois sources. Il ne suffit donc pas d’avoir conscientisé une oppression pour que cela se traduise dans la pratique. Entre le « vouloir être » lié à ma position sociale (mes choix politiques) et le « pouvoir être » (et aussi le « savoir être ») il y a un long chemin, un processus permanent de mise en cohérence.

 

B) Le sexe : la société patriarcale nous habitue à hiérarchiser la classe Hommes / la classe Femmes

 

Un des premières divisions du travail sous-tendue par l’exploitation et la domination, est celle à base de sexe. Pour qu’elle se reproduise sur de nombreux siècles, elle a été adossée à des théorisations, des représentations, des habitudes, etc. De cette façon une production sociale (l’inégalité homme/femme) a été transmutée en « nature ». Ici aussi il ne suffit pas de conscientiser cette réalité, pour avoir une pratique égalitaire. Il faut encore dépatriarcaliser notre pensée et notre pratique.

 

C) La « race » : La race n’existe pas biologiquement mais existe socialement. Autrement dit c’est le racisme qui crée la race et non la race qui crée le racisme. Le racisme crée la race et structure notre société. Notre société pense le monde en « races ». En fonction du fait que l’on soit né dans un groupe racisé ou dans un groupe dominant notre regard sur cette réalité varie. Les racisés savent généralement spontanément l’effet de l’assignation raciale du fait de leur expérience concrète. Les non-racisés tendent à sous-estimer cette réalité car elle ne fait pas partie de leurs contraintes quotidiennes. Ici aussi prendre en compte cette réalité non subie est à la fois un travail de conscientisation politique et de mise en cohérence pratique.

 

C’est un bon exercice de s’appliquer ce petit questionnaire à soi-même ; pour comprendre pourquoi telle chose est facile dans ma vie, telle chose est complexe ou difficile. L’exercice consiste à s’interroger sur ce que j’hérite comme comportements (gouts, colères, intérêts, etc.) de mon origine sociale (en remontant aux grands parents paternels et maternels), de ma place sociale (mon boulot, mon niveau de vie, mon niveau de diplôme), de mon appartenance de sexe et de ma couleur.

 

  1. remarques sur ce qui vent d’être dit, exemples, etc…

 

La subjectivité :
des gens qui ont lu les mêmes choses ne comprennent pas forcément les mêmes choses. C’est ça qui a motivé mon travail (dit Saïd). Différents regards existent :

Saïd, en tant que personne née en Algérie, ne lira pas la même chose que Jacqueline ou Jean-Pierre… nés en France. Tous les facteurs cités ci-dessus contribuent à forger la subjectivité individuelle (lieu de naissance, origine, situation, etc.). Ce sont donc toujours des histoires qui se rencontrent quand deux personnes font connaissances ou sont mises en interaction. Pour un dominant par exemple son histoire le pousse spontanément à se situer en dominant sans conscientiser ce qu’il est en train de faire.

 

Le covid révèle les hiérarchies de couleur.
A l’échelle internationale, les pays du sud meurent plus. En France les noirs et les arabes meurent plus que les autres. Tout cela est invisibilisé dans les médias.

La présentation de Saïd  sera « en entonnoir ». Du personnel, vers les situations collectives, des situations collectives vers les rapports sociaux, de ceux-ci vers l’Etat du monde et ses hiérarchies entre « pays riches » et « pays pauvres ». L’humanité est confrontée depuis l’hominisation à une lutte entre une logique égalitaire et une logique de domination et cette lutte se joue à tous les échelons (des relations interindividuelles quotidiennes aux rapports de forces internationaux).

 

  1. inégalité, idéologie, capitalisme

Depuis 2 ans, Saïd est sollicité de plus en plus par des théâtres « de conscientisation ».

Origine de mes réflexions : les marxistes noirs américains, il y a un siècle.
Notamment les écrits de
William Edward Burghardt Du Bois ( 1868-1963) et le concept de « salaire psychologique » de l’ouvrier blanc l’amenant à se sentir supérieur à ses collègues noirs. Le système de domination réussit par ce mécanisme à unir ceux qui devraient être divisés (ouvriers et patrons blancs) et à diviser ceux qui devraient être unis (ouvriers blancs et noirs).

 

A. débat sur l’inégalité

Dubois est le 1er sociologue qui pense cette dimension. La théorie du privilège. Ce n’est pas compréhensible sans faire le lien avec les mouvements pour l’égalité. Qu’est-ce que l’égalité ?
Deux définitions s’opposent :
-L’universalisme : on traite tout le monde de la même façon. Or si on fait ça, les femmes sont mal barrées, car elles pâtissent de processus d’oppressions liés au patriarcat…

Alors ?

– Prendre en compte les inégalités de départ.
Cf Marx : « pour être égal le droit doit être inégal ». L’Etat doit donner plus à ceux qui ont moins. Bourdieu : « Traiter des inégaux en égaux
est la pire des inégalités ».

 

Il s’agit de distinguer : L’égalité ET l’identité. La différence ET la hiérarchie.

L’inégalité c’est quand la différence se transforme en hiérarchie. Une société d’oppression fonctionne en transformant en permanence des différences en hiérarchies.

 

B. Débat sur l’idéologie

Gramsci : aucune domination ne tient uniquement par la violence. Si la domination se reproduit pendant plusieurs siècles, c’est à cause de l’idéologie : des grilles de lecture qui favorisent les dominants et empêchent les dominés de pouvoir vivre. Le but de l’idéologie ; c’est de faire penser les dominés contre leurs intérêts. Ainsi les dominés agissent contre leurs propres intérêts.

Nos scènes (de TF) sont là pour montrer ces idéologies à l’oeuvre…

 

Remarque : le vote récent pour la présidentielle : les jeunes racisés ont voté Mélenchon, et les jeunes blancs ont voté Marine le Pen. Il y a eu une racialisation du vote. Pour accepter de voir ça, il faut lever le tabou, le non dit de la racialisation en France

 

C. Capitalisme

Pour Dubois, c’est mettre en concurrence toutes les forces de travail pour faire baisser le coût du travail. Ça se traduit par la transformation de toutes les différences en hiérarchisation : Hommes / Femmes, Noirs / Blancs

 

Cette fonction de hiérarchisation est au cœur du capitalisme, elle masque le rapport de hiérarchisation dominant / dominé.

Faire croire à des dominés qu’ils ne sont pas dans le même bateau que les autres. Il s’agit de diviser pour mieux régner. Donc : distribution de privilèges pour certains. (Privilège blanc)


d) quelques remarques sur tout ceci :
Tokenisme :
Maintenir le système de marginalisation en faisant croire que c’est en train de changer…

par exemple, on maintient la marginalisation tout en mettant en avant certaines figures venues des classes dominées. Par ex : l’enfant d’ouvrier qui est devenu contre-maître / une femme nommée première ministre…. Le tokénisme (du mot « token » c’est-à-dire « jeton) est l’ouverture à la marge d’un système de domination pour mieux le reproduire. Les exceptions de réussite (des jetons) masquent la reproduction massive des inégalités.

Un blanc ne peut pas saisir ce que c’est d’être racisé sans d’abord écouter le vécu des personnes racisées.

 

Epoque de l’hominisation :
pour survivre les êtres humains étaient en coopération. A partir du moment où on a commencé à
produire plus que nos besoins, ça a crée des désirs de s’accaparer le surplus. Pendant longtemps, c’est la domination de sexe qui a été prépondérante.

Le capitalisme, lui, favorise simplement toutes les dominations antérieures. Il récupérer la domination patriarcale pour la mettre à son service, il fait pareil pour le racisme…

 

III) des « banalités »

Exploitation = Accaparement d’une partie de l’existence humaine de certains par d’autres. (temps, environnement, corps).

Domination = Rapports de pouvoir qui permettent l’exploitation. Essayer de remettre en cause l’exploitation, sans s’attaquer aux structures de pouvoir qui les accompagnent, c’est voué à l’échec !

Oppression = Effet matériel et subjectif des deux processus précédents.

 

Ainsi : au théâtre de l’opprimé, si dans une scène je ne m’attaque qu’aux systèmes de domination sans questionner aussi la question matérielle, je ne vais pas au bout de l’interrogation sur « pour qui et comment » cette oppression existe.

 

Le racisme ? Il n’a pas toujours existé !… On le confond avec l’éthnocentrisme : quand les groupes humains se fréquentaient peu, il pouvait y avoir une peur de l’autre. (ça existe toujours).

Le racisme, c’est une théorie de la hiérarchisation des personnes en fonction de leur couleur de peau. Ça date de quand ? Pour Saïd, c’est arrivé avec le capitalisme.

 

1492 est une date importante. (rappel : Christophe Colomb « découvre » l’Amérique).

A partir de cette date, l fallait justifier aux yeux des européens, les massacres, les pillages etc… Il y eut donc l’élaboration d’une théorie qui justifie ça.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, ce pillage a généré un tel flux de capitaux, que cela a généré l’industrialisation. Capitalisme / Colonialisme / Racisme = le même processus.

 

IV) La notion de privilège :

Pour aborder la question du « privilège blanc », Saïd a l’habitude d’amener une conscientisation en partant de la distinction de sexe, en s’appuyant sur la conscientisation du patriarcat par les femmes. Le regard des femmes en tant que personnes opprimées conscientes, ce regard leur permet d’accéder plus facilement (que les hommes) à la conscientisation du privilège blanc… Pourquoi ?

Parce que certaines d’entre elles, du fait d’être assignées femmes, ont fait un travail de conscientisation d’une oppression systémique.

 

Le privilège masculin : Engels en parle dans son livre « les origines de la famille, de la propriété privée et de l’Etat », et propose une analyse en termes de système.

« Dans la famille, la femme c’est le prolétariat et l’homme c’est la bourgeoisie »

 

A propos des années 90 en France, lire : « Comment les Irlandais sont devenus blancs ? ».

La couleur, ce n’est pas forcément la couleur la peau mais la place sociale. D’après Du Bois : n’oublions pas la notion de « salaire psychologique ». Dire à un dominé·e : quand même, tu es blanche, tu es supérieure, cela l’empêche de créer de la solidarité avec les dominés noirs.

De nombreux discours et pratiques publiques t’amènent à te faire croire que tu n’es pas dominé·e, et que tu es différent·e d’autres dominé·es. (Diviser ceux qui devraient être unis).

Je suis blanc, je peux aller dans un magasin, sans avoir peur que le vigile me regarde de travers : cela me soulage d’une charge mentale énorme, que je dois supporter si je n’ai pas ce privilège.

Pour en sortir, partir toujours de ceux qui sont les plus opprimés, soutenir tous les mouvements des dominés. Cela devrait permettre d’identifier les processus communs dans les différentes dominations. Analyser ce qui est commun à toutes les oppressions : le même système.

 

Pour Dubois, il faut sortir de l’essentialisme.

Au lieu d’analyser une réalité à partir de ses causes sociales, politiques etc… le pouvoir et les idées dominantes choisissent de l’analyser en terme d’essence…
Or, toutes les dominations s’appuient sur l’essentialisme.
On peut ainsi masquer une domination avec l’idée qu’il n’y a qu’une seule domination, la principale : par exemple, on est tous des ouvriers etc..

 

V) Traduction et conséquences de tout ça

Si on part du principe que des dominés peuvent s’en prendre à d’autres dominés. Il faut faire un travail de conscientisation.
Autrice féministe, Mac Intosh nous dit que la première étape c’est déjà de préciser ce qu’on met derrière le terme « privilège » :

ça ne veut absolument pas dire qu’on est des nantis !. On peut être dominé avec des privilèges.
On ne demande pas l’abolition des privilèges, mais la généralisation des privilèges.

Le scandale c’est qu’on considère comme un privilège ce qui devrait être normal !

Elle a produit un outil : elle décrit 50 situations « Le sac à dos invisible » où elle dit : en fonction de votre couleur de peau, vous allez vivre ceci, ou non.

Des exemples :
-Si j’achète des bas « couleur chair », j’ai une chance (ou pas!) que ce soit ma couleur de peau.

– Est-ce que je vais me faire contrôler ou pas par les flics quand je me promène ?

Voir l’exercice « la marche des privilèges »

 

suite du V)

nous avons besoin d’une théorie de la conscientisation, PAS de la culpabilisation

Pas une théorie du retrait, mais de la généralisation

Pas une négation des autres oppressions, juste constater que le privilège et l’oppression s’influencent mais ne s’annulent pas.

Avoir des privilèges ne signifie pas que je ne suis pas dans la galère (salaire psychologique). D’où la nécessité d’une approche intersectionnelle.

Le privilège n’est pas un choix, c’est le résultat d’un système dont on hérite, MAIS ce n’est pas un phénomène naturel !
Cf : la construction des systèmes de hiérarchisation dans le système éducatif.

 

Exemple 1 : des militants se disent, « ah, on va castagner Zemour, et on va faire une action avec le groupe de lutte des sans-papiers ».
Erreur : les sans papiers, s’il y a un contrôle… le lendemain ils sont dans l’avion pour l’expulsion…

Exemple  2:

Jean François, français, et Saïd, algérien.
Pour voyager, Jean-François peut voyager où il veut quand il veut. Saïd a besoin d’un visa pour voyager, et peut l’attendre longtemps !

Exemple 3  :

Un prof d’histoire ,explique l’abolition de l’esclavage, mais sans expliquer ce qu’est l’esclavage. Comment Mamadou peuy-il se sentir concerné ? On lui dit simplement «  on t’a libéré, » mais sans lui dire qu’il a été asservi.

Exemple 4 :

Deuxième tour des élections, une personne racisée parle avec émotion de ce qu’elle vit. Aussitôt, on lui demande de se calmer. (vous les « arabes, toujours à fleur de peau » Pourtant, l’émotion fait partie de la vie, du politique. (et les « blancs » ne se privent pas de remarques émotionnelles, très bien toléréers !

 

Suite du V) questions/réponses. (Extraits)

Question :

Comment, en tant que personnes majoritairement blanches, on peut parler du racisme dans notre pratique de TO ? Comment est-ce qu’on représente des personnes racisées dans nos groupes ? . S’il y a des personnes racisées dans le groupe, est-ce que leur donner des rôles racisés, ce serait un essentialisme ? Comment parler de… sans parler à la place de… ?

Réponse :

Qu’est-ce qu’on va demander aux blancs qui bénéficient des privilèges blancs ?

Le mouvement des black panthers disent « on va s’emparer de cette question »
Les blancs leur ont demandé : comment on lutte, nous, ici ?

Malcolm X : « on va se partager le travail, nous, on va s’adresser aux militant noirs pour qu’ils aient conscience de ce système. Vous, les blancs, vous allez parler aux blancs.
Donc nous, au TO, on peut s’adresser aux blancs pour les bousculer, les conscientiser.
Mais… on ne reflète pas l’ensemble des dominations.
Comment on fait pour dire : nous avons besoin de personnes racisées dans nos groupes, car nous voulons parler du privilège blanc, et nous ne voulons pas parler à la place des personnes racisées ?
On fait un appel ! « Venez nous rejoindre, sinon cette domination va passer à l’as ».

Autre élément :
Est-ce qu’on est là par empathie, ou pour une question d’alliance ?

Exemple : les aborigènes d’Australie s’adressent aux militants de gauche : « nous, on n’a pas besoin d’alliance, mais on a besoin de complices ». On a besoin de se partager le travail pour détruire un système de domination. La complicité marque à la fois la différence et la ressemblance.
Si on est complices, le complice me rappelle à l’ordre quand j’oublie sa discrimination.

 

Parler aux blancs + avoir un débat politique sur le système global d’oppression + on n’est pas à la même place, mais on a un objectif commun : détruire toutes les formes d’oppression.

C’est une complicité. La complicité nous permet d’aborder la question de l’autorisation. Est-ce que le groupe dominé nous autorise à parler de leur domination ? Il s’agit de construire la légitimité avec le groupe dominé. A terme, la présence de racisé·es dans nos groupes est importante.

 

Question: et le black face ?

– historiquement, c’était un acte raciste, pour folkloriser le sauvage, celui qui faisait peur etc.. ça a accompagné le racisme, le système esclavagiste, sous couvert d’humour, ça ancre des représentations. De manière insidieuse : ça nous fait croire qu’on peut parler à la place de…

et donc ça favorise l’illusion qu’on pouvait évacuer les questions d’oppressions systémiques.

On peut provoquer des situations où on parle de nos faiblesses :

on a pas assez de racisé·es dans nos groupes, et on souhaite que ça change. C’est un acte de courage politique : voilà notre vouloir-être, et aujourd’hui on en est là. Travaillons à transformer notre composition sociologique.

C’est complexe, mais il faut en parler : Dire aux personnes racisées de jouer systématiquement les personnes racisées, c’est maintenir le racisme et l’essentialisation. On doit parler des conséquences pour la personne discriminée, qui n’a pas forcément envie d’être ainsi identifiée.

Parfois, la personne opprimée, on ne va pas la mettre dans cette posture, mais on va lui demander de jouer l’oppresseur. (nota : Boal nous disait toujours « qui connait bien l’oppresseur ? L’opprimé).

 

Une méthode :

Mettre en scène la difficulté en caricaturant. Par ex : caricaturer le blanc, en utilisant un masque. On peut demander à une racisée de jouer l’oppresseur, si on est vigilant sur le fait que « ça se parle ». (Baldwin : le blanc est la métaphore du pouvoir)

 

On n’a pas forcément les bonnes solutions, mais nous devons être vigilants par rapport aux dérives. Par exemple, la place délicate de joker·e. Une idée serait de faire en sorte que la place de joker ne soit pas sacralisée. Si des personnes sentent le besoin de joker un forum, qu’elles puissent le faire : le plus important : le ou la joker·e doit être proche dans son vécu de la personne opprimée.

 

Le privilège blanc : se rendre compte qu’être anti-raciste quand on est blanc, c’est inconfortable.

On ne choisit pas ses privilèges. Le seul choix qu’on a, c’est de choisir de mettre ses privilèges au service de la lutte contre les dominations. Exemple : dans une manif, si tu es blanc, vas te mettre proche des flics, tu risques moins ! .

 

Texte ré-écrit par JF à partir des notes prises par plusieurs personnes, merci à elles, au cours de la rencontre du Réseau TO en avril 2022. Ce texte a été ensuite relu et largement complété :plus de 40 lignes, par Saïd Bouamama en juillet 22. Les titres et sous titres sont largement de JF. N’hésitez pas à réagir : Les questions et remarques concernant Saïd lui seront aussitôt communiquées. Ecrire à : contact@reseau-to.fr ou appeler JF au 06 85 54 99 68

Voyage dans le réseau : le privilège blanc.

le privilège blanc (JF martel)

Réflexions personnelles sur le privilège blanc (JF Martel, 7mai 2022) A partir du forum de Naje et d’une intervention de Saïd Bouamama.

J’ai beaucoup apprécié le théâtre forum de Naje sur « le racisme structurel et le privilège blanc » fin avril 22, ces scènes que Naje a construites avec un groupe de militant·es de la LDH et des ami·es de naje racisé·es. Bravo !
J’ai noté quelques idées nouvelles de mise en scène:
Tout d’abord, deux jokères, l’une racisée, l’autre blanche. J’ai noté le bref récit, avant le spectacle, qui expliquait que pendant l’année qu’ont duré les ateliers de créations, certaines personnes avaient décidé… de finalement se considérer comme relevant de l’autre statut ! « blanc » X « racisé ».
J’ai aussi noté la trouvaille à propos de ce fait : pendant la partie forum, les acteurs-oppresseurs restent en scène, et les opprimé·es sont remplacées par le public.
Or, cela a une conséquence non désirée :
Les personnages oppresseurs dans ce type de situation sont, bien entendu, des hommes blancs, joués par des acteurs blancs ! Si bien que les acteurs blancs restent beaucoup sur scène pendant le forum. Frustrant pour les actrices racisées, non ?
Que faire ? La trouvaille a été de proposer un masque blanc, en fait gros un panneau blanc -genre raquette de tennis opaque – que l’actrice racisée tient devant elle pour intervenir en jouant un oppresseur !

Mais si j’ai aussitôt vu le racisme à l’oeuvre, les discriminations, l’oppression, je cherchais à voir… le « privilège blanc » ! Où se cachait-il donc ?

Quand les femmes racisées se taisent et que le délégué syndical, homme blanc, parle… Je vois d’abord (moi) une oppression vécue par les femmes racisées, d’autant plus que l’homme parle à leur place, de leurs propres situations ! Je voyais une domination d’un « blanc » sur des « racisées ». Donc une oppression que je connaissais déjà…
Mais Fabienne, en relisant ce texte, me rappelle (entre autres) la scène du magasin qui montrait directement un privilège blanc : le vigile dit à deux femmes blanches que « si elles ont quelque chose dans leur sac » ?… Mais n’ose pas les fouiller !
J’avoue que sur le coup, depuis la salle, le tableau ne m’avait pas frappé…
Un peu comme me promener dans la rue et « ne pas être contrôlé » je ne le vis pas immédiatement comme un privilège… s’il n’y pas un contrôle au faciès à côté !

Au cours de la rencontre du réseau TO, avril 2022, l’intervention de Saïd Bouamama sur cette question du privilège blanc, m’a, semble-t-il, éclairé. Dîtes moi si ça vous parle !
(vous pouvez mettre librement des commentaires sur le site, voir en fin d’article) .
D’abord la question de Saïd : « quand on dit « privilège » tu penses à quoi » ? Je réponds aussitôt : « nuit du 4 août 1789, abolition des privilèges ! » Mais Saïd continue :- disons par exemple que toi et moi, on sort d’une manif, à Lille. Tu rentres tranquillement, et moi, algérien, je crains d’être contrôlé « au faciès ». Disons aussi que si toi, tu veux aller faire du TO dans un pays étranger, tu obtiens ton visa rapidement, ou même tu n’en as pas besoin ! Alors que moi, il me faut parfois 6 mois pour avoir le visa avant d’aller faire une conférence.. ». etc…
Alors, abolition ? Non ! Nous ne demandons pas que tout le monde doive espérer 6 mois ou plus pour un visa ! Nous ne voulons pas que tout le monde s’attende à être contrôlé dans la rue !…

Nous ne cherchons l’abolition du privilège blanc !!!!
Nous voulons l’extension des privilèges blancs… A toutes et tous !

Ainsi, dans un forum, montrer le privilège blanc, ce pourrait être montrer le racisme et les discriminations subies, (ce que nous faisons bien entendu) mais aussi tenter de montrer que les « blancs », eux, ne vivent pas ces discriminations ? (le TO pour « rendre visibles les oppressions »). Qu’en dîtes-vous ? En tout cas, la formule m’a frappé.

Relu par Saïd et complété par Fabienne. Merci à elle et lui.
JF Martel 7 mai 2022 jf.martel@orange.fr 06 85 54 99 68