Bonjour,
j’ai écrit un long texte qui va être publié par le mouvement Freinet, pour expliquer tout d’abord comment je suis venu au TO. ensuite, comment j’ai développé les TK du TO avec des élèves de 9 à 11 ans. En voici le premier chapître. Les xpériences des autres avec des petits m’intéressent évidemment et peuvent venir en complément. Amicalement JF Martel 06 85 54 99 68
Théâtre libre en classe unique. Oudeuil (Oise) 1973
La vérité du théâtre.
Dans la classe coopérative de mon village, où je pratiquais la Pédagogie Freinet avec dix-sept enfants de quatre à douze ans, j’avais institué des séances hebdomadaires de théâtre libre, à côté du dessin libre, du texte libre, du chant libre.
Elles se déroulaient ainsi : un petit groupe prépare une scène, autour de l’enfant qui a annoncé « J’ai une idée », un autre groupe aussi, parfois un troisième, et leurs improvisations sont jouées au centre d’une scène délimitée par le cercle des chaises de la classe.
Pas de distinction pure et dure entre la scène et la salle : les spectateurs (les autres enfants et moi-même) ne sont pas passifs : chacun·e peut s’exclamer et utiliser ce mot magique : « Je critique», sous le contrôle de l’enfant président de séance. Alors, il ou elle doit venir sur scène et proposer une variante pour un des personnages…
Varier, varier, certes, mais… pourquoi ? Pour arriver à quoi ?
L’histoire racontée ce jour-là se passe dans le milieu familial. Après le repas, les enfants vont faire des « bêtises dans les lits ». Par bêtises on peut aisément comprendre, (ce qu’on voyait d’ailleurs à l’œuvre sur scène) une copieuse séance de trampoline sur les sommiers, suivie d’une magnifique bataille de polochons, avec vols de plumes (des chiquettes multicolores de papier brouillon). Tout se termine par la chute que tous attendent : surgissement des parents, cris, et fessée paternelle suivie d’une privation de telle ou telle activité pour une durée appréciable.
Les « Je critique » fusent alors, assortis de propositions où les enfants veulent imposer leur « démocratie libertaire », et donc mener à bien sans entrave leurs bêtises dans les lits. Remplacement des rôles des enfants, des parents… Rien n’y fait ! La scène se termine toujours par une bonne fessée, ou une punition mémorable… Retour à l’ordre, donc.
Moi qui croyais favoriser la contestation… Dépité, j’en parle timidement dans mon groupe de recherche Pédagogie Freinet. D’où le dialogue suivant :
– Comment les aider à ne pas rester sur cet échec ?
– Échec ? Mais au contraire, c’est génial !
– … ?
– Oui, ça prouve qu’ils ont pris au sérieux tes consignes !
– … ?
– Tu leur as bien dit qu’on doit chacun jouer son rôle avec sérieux ?
– Euh, oui….
– Donc ceux qui jouent les parents doivent jouer comme des parents ?
– …
– C’est bien ce qu’ils font : ils mettent en scène les rapports de domination générationnelle et d’autorité patriarcale tels que notre société…
– Stop ! Je n’ai jamais parlé comme ça en classe.
– J’espère bien ! Mais ils sentent et vivent ces rapports de force, sinon, le petit qui joue le gamin sauteur aurait donné la fessée aux deux élèves qui jouaient les parents : tu vois, ils ont pris leurs rôles au sérieux…
Le théâtre, c’est sérieux, et si c’est sérieux, ce qui se passe sur scène, et bien, tout simplement, c’est vrai. Les enfants et moi, nous n’avions donc pas du tout échoué, les acteurs avaient mis en scène… la réalité. « L’image de la réalité est réelle en tant qu’image ».
Jean-François Martel 06 85 54 99 68
le théâtre forum avec des enfants: j’y suis venu. Mais j’ai compris la prudence à avoir:
il est clair que les enfants, la plupart du temps, n’ont quasiment pas de marge de manoeuvre, pas de pouvoir reconnu dans la famille ni en classe…. Alors, pourquoi « faire forum »?
Mais parfois, si, il existe des lieux, des écoles, des classes où la parole des enfants est entendue, discutée ! Alors, le TF prend tout son sens. JF 06 85 54 99 68