Rencontre N°20 TOULOUSE

Rencontre Nationale du Réseau TO N°20. 9 et 10 nov 24, Verfeil, organisée par TOT
THEME PRINCIPAL : LA VIOLENCE. Ci-dessous UN EXTRAIT : 5 pages

Extrait réalisé par JF. jf.martel@orange.fr. Le compte-rendu intégral (21 pages) est l’oeuvre de Pierre lenelfr@yahoo.fr (Naje) qui a rassemblé différentes prises de notes.

PLAN du TEXTE
A) ex. préparatoires et récits de situations violentes dans nos pratiques : page 1
B) scènes créées et jouées page 2
C) repères théoriques / violence page 3
D) jeux et exercices page 4
E) lutte locale contre l’A69 page 5
F) Qui était là ? Bilan du week-end, prochaines rencontres page 5

A) LA VIOLENCE exercices préparatoires
1) « la violence, c’est… »
-En binôme : sculpter la violence, par la méthode des statues.
2) En cercle, prendre la parole en allant au centre : « la violence (ou la non violence) c’est … » ceux qui se retrouvent (plus ou moins) dans l’affirmation, se rapprochent + ou – du centre. .
3) brainstorming en 4 sous-groupes, préparation au débat mouvant. 4) débats mouvants : « Le TO exclut la violence »et « Nous sommes toustes violent·es

A’) LA VIOLENCE Récits de violences rencontrées dans nos pratiques
Un forum dans un Centre social
dans un quartier « sensible ». L’installation se vit déjà dans une ambiance hostile. Pendat le forum, un groupe de jeunes menacent verbalement, le joker les invitent à venir tous sur scène pour nous montrer en image, comment la scène serait, aprés leur passage où ils « casseraient tout » « Modelez les comédiens ! » Bien poliment, ils couchèrent les acteurs au sol ! Le joker demande alors : « et le décor ? « oh ! On peut ? »Note importante : nous avions fait un travail d’image et de sculpture avant le forum.
En CAT (ESAT) TO avec les résidents. Les participants ont raconté leurs difficultés dans et face à l’institution : douches cassées, interdiction d’avoir des invités, intrusion dans les chambres. Un jeune a été déclaré « obsédé des douches » dans la scène il disait « c’est parce que je suis malade et obsédé que les douches sont cassées ». Un gros scandale a eu lieu accusant chacun·e de tout.
Dans un forum sur le SIDA un personnage dit : « c’est ta faute si tu l’as, tu l’as mérité ». Personne ne bouge dans la salle. Le Joker questionne le public, pas de réponse. Le joker prend position.
Dans un forum sur la lesbophobie, un spectateur monte sur scène et tient des propos violents. Le joker rappelle la comédienne sur scène pour la faire réagir face à celui qui la remplace.
En groupe, des récits durs : migrant tabassé à la frontière, un albanais torturé en prison
impossible de monter un forum, mais j’ai créé un lieu d’écoute pour les personnes qui souhaitent raconter… et pour celles qui sont OK pour écouter ; en espérant que ça pouvait aider…
Sur les violences sexuelles : que peut-on montrer ? Ne pas invisibiliser, mais pour montrer ce qui doit l’être, trouver des techniques : par exemple des images qui bougent lentement mais ne vont pas jusqu’au toucher, des scènes qui montrent le « avant » et le « après »… Dire : « c’est passé et on ne peut pas y revenir, mais  qu’est-ce que tu voudrais après » ? Utiliser « l’image du futur qu’on craint ou qu’on espère »

B) VIOLENCE : DEUX SCENES CREES à partir de situations vécues
scène 1 :
la violence par négation de notre action.
Réunion à la préfecture pour préparer un colloque sur les violences intra familiales.
Les représentant.es des associations de lutte contre ces violences : Planning Familial, aide sociale à l’enfance (ASE), déléguée au droit des femmes, procureur de la République.
Procureur : « La prévention, c’est bien mais vous avez très peu d’impact. La punition, c’est mieux que la prévention ». « Moi, je lutte concrètement ». F
Le groupe voulait montrer cette scène , mais ne souhaitait pas faire forum.

Scène 2 : lorsque la violence traverse nos pratiques.
C’est le spectacle de théâtre forum de fin d’année sur les histoires des participant·es.
Acte 1 : deux heures avant le spectacle, Odette (qui joue dans le forum) informe le groupe que sa fille adulte et sa petite fille seront présentes (avec des copines) pour la voir jouer. Odette privatise une petite partie de la salle pour accueillir sa famille.
Acte 2 : pendant le spectacle, la petite fille d’Odette, fait beaucoup de bruit. Un spectateur se plaint de « cette mère qui ne sait pas tenir son enfant ». La jokère demande à la fille d’Odette d’emmener la petite fille dans la cour. Un spectateur se plaint de cette mère qui ne sait pas tenir son enfant, de plus il la malmène quand elle quitte la salle.
Acte 3 : une semaine plus tard, bilan de fin d’année. Odette : « j’ai bien compris que mes petits-enfants faisaient du bruit. Vous m’avez gâché mon plaisir. Ça m’a fait violence. Je vais me remettre en question, mais j’espère que vous allez vous remettre en question ».

QUESTION AU PUBLIC : que faire ? On vous propose de remplacer la jokère !
R1 : la petite s’agite, arrêter le spectacle, questionner, faire appel à l’intelligence collective.
R2 : avant le spectacle, rappeler que l’année dernière il y avait trop de bruit. Proposer de faire garder les enfants à une éducatrice.
R3 : faire un stop, et proposer à la petite-fille de venir sur scène sur scène, et de la confier aux genoux de sa grand-mère ! (et si d’autres enfants veulent aussi monter sur scène ? Et si Odette ne peut plus jouer son rôle?)
R4 : Pendant la séance de bilan de l’atelier, la semaine suivante. La jokère se remet en question et demande : quel travail de fond sur la solidarité pour la famille ? Confier ses enfants, ce n’est pas toujours simple.
R5,6,7 : Pendant la séance de bilan, chercher collectivement des solutions pour l’année prochaine, par exemple organiser la présence partielle des enfants ou même des familles, à certains moments des répétitions. (mais une femme du groupe dit : je supporte pas les enfants, ce sera moi ou eux!)
Débat : Qui opprime ? Quelles oppressions sont en jeu ?
– Est-ce la mamie, qui impose sa petite fille à des gens qui ont répété toute l’année ? La mamie n’est pas oppresseur, elle est le symptôme de l’oppression.- Est-ce le problème systémique sur le rôle assigné aux femmes (mère ou grand-mère) ?
– Est-ce le peu de place des enfants dans nos sociétés ? Dans certaines sociétés, les enfants sont associés au monde des adultes.
– Est-ce notre groupe de théâtre, car nous n’avons pas anticipé le besoin de certaines ?
– Les enfants peuvent ils avoir accès au monde des adultes ? Dans certaines sociétés, les enfants sont associés au monde des adultes.
Note 1 : Site <voyage dans le réseau, lire : « maltraitance des enfants » sur la place des enfants en TF.

C) VIOLENCE : REFLEXIONS ET DEFINITION
1) Article de Jack Halberstam, « Tu me fais violence » ( revue Vacarme, 2015/3)
Pourquoi Pierre a-t-il proposé ce texte ?
Parce qu’il faisait écho à un vécu lors d’un stage animé par NAJE où les animatrices se sont trouvées confrontées aux mêmes types de posture que ce qui est indiqué dans l’article.
Le point de vue situé remet une lecture politique et sociale sur un vécu.
Exemple : « cette parole fait violence à mon identité en tant que femme » est autre chose qu’un point de vue individuel (ex : tu me fais violence à moi).

Réflexions sur l’article.
Nous y lisons notamment le émoignage d’une personne qui vient du milieu queer : c’est un point de vue situé et critique de son milieu. Elle vient questionner le fait que dans le milieu queer, très politisé, il y a beaucoup de discussions qui viennent parasiter l’avancée de leur lutte, déplacer le problème. Ce qui fait écho dans nos pratiques : effectivement les mots ont un sens et c’est compliqué de choisir les mots qui ne font pas violence à quelqu’un.
Exemple : un bar nommé « travelo » qui est de la communauté queer par rapport à une personne utilisant le terme « travelo ».
Questions :
rapports entre vécu de violences individuelles /luttes systémiques
Comment faire commun ?
Priorisation des luttes pour éviter la dispersion ?
Repolitiser nos relations individuelles
Accepter les oints de vue situés, créer une charte (de respect).


2) Eléments de définition de la VIOLENCE, par Pierre Lenel
Il est important de bien nommer les choses: Violence / Domination / Oppression / Conflit / Agressivité.
Rappel : pour le TO, être opprimé·e : avoir la volonté de se dégager d’une oppression.
un·e opprimé·e ne l’est que si elle ou il a la volontéd’une action.
Le conflit résulte d’un désaccord entre deux personnes. La conflictualisation est nécessaire pour éviter que la violence ne se déploie. 
On peut définir ainsi la violence  :
-Force exercée par une personne ou un groupe sur une autre personne ou un autre groupe pour lui imposer quelque chose ;
-Droit civil : Contrainte illicite exercée sur quelqu’un pour obtenir quelque chose de cette personne avec son consentement ;
-Droit pénal : obtenir quelque chose sans le consentement.
Pour certains, la violence est liée à un instinct de survie, elle ne vise pas le plaisir, mais la conservation de sa vie.
Agressivité : il s’agit d’une demande, pas de volonté de détruire, mais une volonté de lien plus ou moins bien énoncée.

D) LES JEUX et EXERCICES
Deux exercices et réflexions sur le toucher.
3) Marilableu :
construire des images d’états concernant mon envie (ou pas) d’être touché·e maintenant. Trouver un binôme, en prenant contact par les yeux. On expérimente ensuite à deux comment on se sent à l’idée d’être touché·e.

4) Matthias : massage / danse Un·e ange gardien masse jusqu’à faire danser son partenaire puis inversion des rôles.
Débriefing et partage d’expériences et rapport au toucher dans nos pratiques :Quelques remarques :
A propos de la difficulté à être touché·e toucher :
peut-être faire d’abord le jeu de la main perdue, notamment l’étape du papillonnage avec les mains avant de se choisir.
-Pendant le covid on a inventé des alternatives au touché (bâton, etc.)
– Le consentement doit être révocable, enthousiaste, explicite et circonscrit dans le temps.
– la culture du contact est forte en TO, si bien qu’on ne la questionne pas.
– Idée de la « charte du toucher »? Ou d’un consensus à bâtir avec le groupe.

AUTRES JEUX: Pour choisir nos jeux : nous puisons au hasard dans une boîte un petit papier avec le titre d’un jeu et son ou sa joker·e. Les jeux bien connus ne sont pas relatés ci-dessous.

1) Le miroir d’Ariège, animé par Kaé (jeu de rythme et d’intégration) 1ère phase de jeu : en cercle, on lance un pelote de laine imaginaire à une personne qui sera celle qui nous observera et nous imitera par la suite. 2ème phase : ne pas chercher à bouger, laisser venir les micro-mouvements.Il n’y a pas de chef d’orchestre.

2) Le Kakacrabe. Attention : qui l’a animé ? (Le déroulement reste à préciser par cette personne)
Jeu d’intégration, c’est une variante du chifoumi, qui se joue par deux, main(s?) dans le dos.
Crabe : deux mains en forme de pinces de crabe
C’est moi qui mange : index tourné vers ma bouche
Caca : deux poings fermés
C’est toi qui manges : index tourné vers l’autre
Crabe contre crabe : match nul, Caca contre caca : match nul
Au bout de trois crabes ou cacas, la personne a gagné ou perdu.

E) UNE LUTTE LOCALE :
Nous avions invité Bernard, du collectif La Voix est Libre qui lutte contre l’A69, l’autoroute de 53km qui relierait Castres à Toulouse.
Bernard nous raconte leur lutte, d’abord contre les carrières qui préparaient le projet, puis son soutien concret aux « écureuils » perchés dan s les arbres pour empêcher leur abattage, leur volonté de créer des événements pour que l’opinion publique entende la situation, la démesure des moyens de répression (condamnée même par l’ONU).
« Il s’agit pour nous, d’apprendre à être dans l’espace public, de savoir parler du problème à nos amis et voisins, tout en assumant une relation amicale ».
Nous mettons ensuite en scène un groupe de joueurs de boules dont un essaie de convaincre les autres de venir manifester contre l’A69, et nous faisons forum.

NOTE 2 : après la rencontre de Verfeil, Mathias (TOT) a organisé avec Cathy (TOT) et Josefa (TSF) une journée de TO avec les opposants à l’A69. NOTE 3: le 27 février 25 le tribunal administratif de Toulouse a l’annulé l’autorisation du projet, gravement impactante pour l’environnement, qui avait été déclarée d’utilité publique en 2018 ! L’Etat fait appel de cette décision. C’est la 1ère fois qu’un projet d’autoroute est arrêté pour des raisons environnementales.

F) QUI ETAIT LA ?     BILAN du week-end,      RENCONTRES à venir
Qui était là ?
18 Participant·es, dont 14 du sud ouest, venu·es de 9 groupes.
Mathias, Cathy et Kassia, Toulouse (Cie TOT groupe associé)
Fatima et Pierre Paris (NAJEgroupe adhérent actif)
Audrey et Annie :Tarbes, (histoires d’eux histoires de nous, groupe associé)
YouYou et Mickael dit Kaë, Ariège.(Le cri des broutilles devenu depuis : Cie haute tension)
Jean-François dit JF, Lille (T’OP !groupe adhérent actif)
Marielle, Claire Julie d’Ariège et deToulouse (Cie l’Effet Inattendu)
Franck Orléans, (collectif du Pois Chiche)
Marilableu
Toulouse, (Cie Folies Passagèresgroupe adhérent actif)
Luc
, Toulouse, a participé à Ambata (Paris) il y a 20 ans !
Marie José dite Josefa, et Pierre, Toulouse. (groupe TSF)

BILAN
 Une personne s’avance au centre et annonce « j’ai aimé ceci cela du week-end ». Résumé :
Grande satisfaction sur l’ambiance, l’animation par TOT, le lieu et les conditions d’accueil. Bravo !

PROCHAINES RENCONTRES
– mieux définir qui fait quoi, la préparation, l’animation, l’accueil.
-Thème proposé : le consentement.
-Alterner les rencontres entre nord et sud de la France ?
-Pourquoi pas aller au Négral, un éco-hameau avec une salle adaptée en Aveyron ?
Nous actons la proposition du groupe de travail créé en avril:
Rencontre en Bretagne les 29/30 mars 25. Thème : réflexion sur le fonctionnement du réseau, mais nous y ajoutons une AG statutaire, et un moment d’analyse des pratiques.

NOTE 4  : par la suite un sondage sur le lieu de la rencontre a conduit le bureau à choisir Paris.


Texte mis au point le 1er mars 25. Les notes en italiques sont de JF.
Pour lire le CR complet (21 pages) établi par Pierre : voir son mail du 7 janvier à 12h08.
Commentaires, questions, compléments sont les bienvenus à : contact@reseau-to.fr

 

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