ECHANGE D’EXPERIENCES : Le TO EN PRISON
l Au cours de la rencontre Réseau TO 14 et 15 oct 1207, six groupes exposent leurs expériences vécues, leurs réussites, leurs échecs, questions remarques et réponses suivent. L’échange fut passionnant. J’ai intégré à la suite de chaque résumé les textes complémentaires qui m’ont été envoyés. (février 18) JF contact@reseau-to.fr
NAJE : fabienne.brugel@orange.fr
2 interventions sans spectacle à la fin.
A la prison de Réau (prés de Melun), Hommes et Femmes mélangé.e.s. 5 séances de 3 heures. Cadre clair, « intervention culturelle ». participant.e.s acteurs-trices et demandeurs.ses, inscriptions volontaires. Gardien très souple.
A la maison d’arrêt de Fleury. Dispositif de lutte contre les addictions. Jeunes hommes avec courtes peines. Obligatoire pour les détenus, qui doivent suivre la totalité des 6 séances de 2 h.
Poids des gardiens. Mais l’un d’eux a participé au forum (interne), avec l’accord des détenus.
Les jeux : « ma place dans le monde / prendre sa place » a bien marché. Les « passeurs » moins bien. Des infos ont pu être remontées à la direction et les détenus ont capté l’impact du TF pour l’amélioration de leur cadre de vie.
Texte complémentaire : TEMOIGNAGE DE CLARA (naje)
Nous y sommes, à la Maison d´arrêt de Fleury-Mérogis.
Aucun doute sur le fait que nous y avons notre place, mais pas comme d’habitude. Cet atelier va durer six séances de deux heures.
Au 4e étage, dans la salle de culte, dans le cadre d’un programme lancé par la Mission locale pour des hommes de 18 à 25 ans, durant deux mois, sur la thématique des addictions. Il se fera avec maximum douze jeunes sélectionnés après signalement sur 500 du même bâtiment : bâtiment D5, longues peines, ce qui signifie plus de trois ans d’incarcération.
A la première séance, ils étaient cinq, aujourd’hui sept. J’anime cet atelier avec Mostafa.
On a été très clairs avec les partenaires et avec eux : si on doit monter leurs histoires, ce sera sur les thèmes de leur choix. Et on a assez vite compris que le shit ou toute autre addiction n’était pas du tout leur oppresseur, mais plutôt un soutien dans ce monde carcéral où la violence est si présente. D’ailleurs, comme ils le disent de manière très lucide, « fumer un pétard nous permet par moment de ne pas insulter un surveillant ». Donc on laissera les spécialistes s’occuper des addictions car, bien sûr, cette question doit être travaillée pour leur sortie.
Pour l’instant, il y a eu deux séances, et les choses se précisent quant au contenu. Ils ont une vitalité, un bonheur à être là, assez rares. Ils ont des sourires, des manières de nous serrer la main en arrivant ou en partant, mais c’est dur de trouver les mots.
Ils disent en bilan de séance :
« On s’est évadés. »
« Pendant deux heures, on oublie qu’on va retourner dans notre cellule. »
« On se lâche, on rit, on est bien… »
« Y a moyen de faire un peu de rab d’atelier théâtre ? »
« Avec vous, c’est bien, parce que ça nous remet dans le vrai monde, on s’entraîne à être dans la vraie vie. »
Le premier atelier, on leur a joué la scène du Bus 75 sur les discriminations. Ce matin, on leur joue celle de monsieur Bensalah sur la discrimination à l’embauche. Et ils font forum sans arrêt, en prenant les histoires très au sérieux, comme s’ils se projetaient en vrai, comme si c’était vital d’y croire et, même s’ils disent avoir envie d’être violents, ils trouvent les mots, ils cherchent, ils s’entraînent en vrai… Un jour, ils sortiront !
Quant aux jeux, ils les prennent à bras le corps, comme des enfants qui jouent… Le jeu, c’est sérieux, on ne fait pas semblant : que ce soit pour faire le « huit aveugle » ou « l’évanouissement », ils ont une attention d’une grande force les uns vis-à-vis des autres, ils s’attrapent, se retiennent, s’empêchent de tomber, comme des frères… Ils sont heureux de se retrouver ensemble dans « l’espace stop » : en fait, ça paraît peut-être niais, mais il y a beaucoup d’amour qui circule entre eux durant ces deux heures.
Là où ça se complique c’est quand on recueille leurs histoires comme ce matin. Car soit ce sont des histoires liées à la violence entre bandes, avec la police, en boîte de nuit et là, l’oppresseur n’est pas clair : tout est mêlé, ils le sentent, et nous on est un peu dépassés par cette banalisation de la violence qui est leur quotidien ; soit ils ont de réelles histoires d’oppression en prison, mais là on leur dit tout de suite : « On sait que vous subissez des injustices et des violences ici, mais on ne peut pas vous faire croire que cet outil va vous permettre de dire stop, de vous rebeller, de vous organiser, de monter un syndicat, d’aller porter plainte… » Eh oui : le théâtre-forum a trouvé sa limite ici et pourtant on ne leur dit pas non plus: « C’est ainsi, acceptez tout, résignez-vous ! »
Alors on va continuer le travail, parce que ces deux heures, ils les attendent et nous aussi. Donc on va continuer à faire des jeux, monter des histoires comme celle de M… qui ne sait pas comment répondre à son petit frère qui lui demande de l’aider à être papa. On montera leurs histoires si on sent qu’on est ni dans la démagogie ni dans l’illusion. Et puis, et surtout, on va continuer à travailler sur ce qu’ils ont de beau en eux, sur leur humanité, sur leur force de vie ; car, quand on écoute ce qu’ils subissent dans le milieu carcéral, on a envie de leur donner des forces pour ne pas qu’ils se retrouvent au mitard.
Les prochaines fois, on fera « prendre sa place », « la double révélation », « se choisir par le regard », on travaillera en images sur leur peur de l’avenir mais aussi sur leurs rêves pour le futur. Pour qu’ils puissent continuer à être dans le plaisir de jouer et en même temps ressentir des choses intimes. Dans cet atelier, ils ont commencé à montrer leurs émotions en racontant un moment de leur vie où ils ont été fiers d’eux : chacun l’a trouvé plus ou moins vite. Ils ont raconté, émus, souriants pour certains, nous permettant à chacun d’être le témoin de cette histoire, peut-être parce qu’on les considère d’abord comme des êtres humains, et pas comme des détenus.
Quand la porte se referme derrière nous et qu’on est dehors, on a un temps où on ne se parle pas, Mos et moi. Chacun garde ses émotions, ce qui l’a marqué aujourd’hui, avec quoi il repart… Et puis, dans le RER, on se met à parler de la séance, du sens de notre travail de comédien de Théâtre de l’Opprimé dans cette zone de non-droit, du bout de chemin sur lequel on a envie de leur proposer de s´embarquer encore… pour quelques heures. Clara Guenoun
réponse de Clara aux questions sur la scène de forum apportée par les jokers, et sur les contenus.
(….) ces séances à Fleury remontent à deux ans, ce que je peux (en) dire:
quand on jouait une scène, on les mettait dedans très vite pour jouer l’opprimé, un de nous assurait l’oppresseur et l’autre jokait mais on a fait ça une ou deux fois quand les histoires n’arrivaient pas.
Sinon on a travaillé pas mal sur leurs relations amoureuses, leur famille et leurs peurs face à la sortie et puis beaucoup d’exercices comme: prendre sa place, la double révélation et des jeux, des jeux car comme le disait Winnicott, le jeu a une fonction vitale et encore plus en prison.
T’OP ! : toptheatredelopprime@gmail.com
2 expériences.
-20h par session. Commanditaire : SPIP. Création de TF. Difficile d’avoir un groupe constant, parfois seulement 4 ou 5 personnes présentes. Les gardiens restaient à l’extérieur, mais leur « tout pouvoir » s’exerçait en allant chercher OU PAS les détenus inscrits à l’atelier.
Pas de scène travaillée sur ce qui se passe en prison, car trop d’impuissance. Plutôt du travail sur ce qui fait peur à l’extérieur. Une représentation dans la prison avec un public de… 5 personnes.
-Commande d’une association de famille de détenus : création de 2 scènes sur la discrimination à l’embauche après la sortie de prison, une autre sur le vol dans une cellule. Un spectacle sans forum, un autre, très encourageant, avec forum devant 40 personnes. A noter : c’est la direction qui accepte ou non tel ou tel spectateur invité. Marion.
T.S.F. : ereseo.j@netc.fr
Beaucoup d’expériences différentes : avec des détenus pour longues peines, avec des courtes peines, avec des femmes. Un gros dossier a été édité.
Longues peines : La Cie est venue jouer un spectacle sur la prévention du sida en prison. Et ensuite : 3h d’atelier hebdomadaires en soirée pendant 3 mois.
En maison d’arrêt. Pendant 3 ans, nous avons mené des ateliers avec acquisition de formation, préparation à la sortie.
Avec 12 hommes auteurs de violences conjugales, atelier hebdo pendant 3 mois. Travail autour des émotions : réactions émotionnelles troubles, difficultés au chagrin…
Avec des personnes auteures de délits routiers : consignes jamais respectées, d’où un énorme travail sur les « règles ».
En préventive, il y a moins de droits, des départs, des transferts, des RV, beaucoup d’absences. Il s’agit de s’adapter sans cesse : voix, clown, écriture…
Nous n’avions pas de surveillant présent, mais une ceinture obligatoire avec bouton d’appel, le pouvoir des gardiens s’exerce en n’amenant pas les détenus…
En détention, les femmes plongent très vite : les familles abandonnent plus les femmes que les hommes. Beaucoup de clans et de jugements entre elles. Le TO a permis un travail sur le groupe, sur les sens : le toucher, l’ouïe, l’odorat…
….J’ajoute que les 3 années, c’était auprès de femmes.
Texte Complémentaire de Marie-Josée.
Note : un dossier papier existe sur son travail. ereseo.j@netc.fr
En maison d’arrêt pendant trois ans, nous intervenions 6 heures par semaine avec deux groupes différents de femmes soit 12 h semaine. La particularité des maisons d’arrêt en général c’est que s’y trouvent des personnes non encore jugées mais pour ce qui est des femmes, comme il n’y a pas assez de prison femmes se retrouvent dans la même enceinte des « prévenues » et des « jugées » ce qui est particulièrement difficile à gérer parce qu’elles n’ont ni les mêmes priorités ni la même disponibilité.
Ajoutons à cela que la Maison d’arrêt en question comporte un secteur Hommes, un secteur femmes et un secteur mineurs et qu’en aucun cas ils ne doivent se croiser . Donc chaque atelier donne lieu à des attentes interminables pour peu qu’il y ait des mouvements de détenus ( parloirs, avocats, médecin)
La règle majeure cependant c’est que nous, intervenants, sommes tenus à ne rien transmettre vers l’extérieur de ce qui se passe à l’intérieur. Même et surtout si quelque chose nous choque…
Avec tout celà ce qu’il faut surtout c’est une très grande disponibilité : il est très difficile de prévoir un atelier en avance, on ne sait jamais qui viendra ni combien. Parfois, seulement une personne ou deux, à cause des parloirs, des avocats ou autres raisons. Autre chose importante, ne pas prendre en compte les délits des personnes, (nous finissons toujours par le savoir) et ce n ‘est pas possible de faire du vrai travail sans une écoute vraiment bienveillante. .
Il y aurait encore beaucoup à dire mais c’est un vrai guide qu’il faudrait. Par exemple, en aucun cas ne proposer des jeux de contact les premiers ateliers. utiliser, balles ou autre médiation.
Préparer longtemps en amont la convention et le règlement avec la direction. Impossible de faire entrer certaines choses comme fiches USB ou quelque appareil pouvant enregistrer et pour avoir du matériel quel qu’il soit comme balles, crayons, papier ( jamais blanc ) il faut une autorisation écrite et une fouille du matériel à l’entrée et à la sortie.
Si vous arrivez à dépasser ces problèmes vous vivrez une des expériences les plus riches de votre vie. Vous aurez le sentiment de servir à quelque chose d’important. Les détenus, quels qu’ils soient sont complètement preneurs de quoi que ce soit qui leur permette de ne pas crever de solitude ( En général 22 h sur 24 en cellule si pas d’activité proposée) Marie Josée Ereseo.
– Miss Griff : missgriffassociation@hotmail.com
– Ateliers hebdomadaires pendant 6 mois, avec des femmes, d’autres avec des hommes. Surtout autour de la toxicomanie. Comment faire pour ne pas s’enfermer et aller ailleurs, vers plus d’imaginaire et de créativité ? J’utilise uen diversité d’outils, des textes lus, ramenés en fonction des problématiques déposées (faits divers, Shakespeare…)
– Maison d’arrêt de Frênes : demande venue du Service Médico-Psychologique, ce qui s’est avéré plus efficace qu’avec le SPIP. Sur la toxicomanie. Nationalités variées.
Un projet récent : pendant 4 mois, une séance par semaine.Thème : « C’est quoi habiter le monde ? ». TO + « théâtre » + vidéographie… Pas de groupe fixe, ils arrivent au goutte à goutte, ou ne sont pas appelés, ou sont inscrits à 3 activités en même temps… Ma correspondante, la coordinatrice culturelle n’arrivaient pas à arranger ça. Comment faire appliquer le droit culturel des prisonniers ?
Texte complémentaire de Nicole : Plusieurs expériences :
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D’abord (avant 2004)
– Ateliers hebdomadaires pendant 6 mois, avec des femmes, Maison d’arrêt de Fresnes
– Ateliers hebdomadaires pendant 6 mois, avec des hommes, Maison d’arrêt de Villepinte
– Ateliers hebdomadaires pendant 3 ans, avec des hommes, Maison d’arrêt de Fresnes
(Théâtre – dont TO)
Cela en partenariat avec une association partenaire de l’activité (le SPIP n’y était pas pour grand chose dans l’organisation et le suivi)
Concernant Fresnes/hommes sur 3 ans : C’est le SMPR (Service médico psychologique) qui voulait l’activité et suivait des détenus en rapport avec la toxicomanie (addiction ou arrêtés pour trafic). De ce fait, le groupe était de nationalités très variées (italiens, brésiliens…) (les détenus arrêtés ailleurs que sur leur région d’appartenance étaient mis à la MA de Fresnes souvent). Travailler avec le Service Médico psy, s’est avéré plus « efficace » qu’avec le SPIP plus tard dans le temps (pour moi) : bien plus de suivi des gens, inscription et accompagnement des absences ou fragilités, relations réelles, intervention auprès de la pénitentiaire si ennuis avec surveillants ou autres. Il y a eu, malgré pleins d’ennuis, un vrai groupe, et 3 spectacles vraiment chouettes avec des publics extérieurs.
L’activité s’est arrêtée précisément quand le SMPR a perdu argent et surtout les personnes pour suivre des actions du genre. Il n’y avait, sans leur médiation plus que 3 détenus en séance (sur 10 auparavant)
2. Dernièrement : en 2017 Centre de détention de Meaux
Pendant 4 mois : 1 jour et demi par semaine = gros projet, « Réhabiter le monde », théâtre (dont TO), écriture et vidéographie, j’ai du trouver des fondations à l’appui, 3 mois de recherche de financement (DRAC, pénitentiaire et 2 fondations).
Mais une catastrophe du point de vue suivi du SPIP. Pas de groupe fixe, ils arrivent au goutte à goutte, doivent repartir au milieu, les trois quarts des personnes soit disant inscrites sont inscrites à plusieurs activités en même temps (dont travail) (on leur a dit que ça leur donnerait des « bons points » en justice). La coordinatrice culturelle passera son temps à me dire qu’elle ne peut rien faire à cela. Le surveillant scolaire nous affirme tranquillement dès le début que pour ses collègues des blocs « aller chercher les détenus pour les activités est la dernière de leurs priorités ». Nous réclamons beaucoup, essayons de comprendre et dialoguer mais je comprends au fur et à mesure que si nous râlons trop cela va se passer mal : La coordinatrice culturelle serait en effet mise à mal dans ses projets (si les partenaires financeurs en savent trop), et préfère nous laisser entendre que c’est de nous (Miss Griff) qu’on pourrait finir par dire du mal) (ce qui est vrai). Nous comprenons assez vite que nous nous sommes mis dans un piège à C…
Nous avons pu tout de même faire une représentation avec 4 détenus nous restant, et des enregistrements audiovisuels des autres, présentés à un groupe de spectateurs détenus, débouchant un échange très intéressant. La coordinatrice culturelle était très contente, mais nous NON.
A la suite de cette intervention, j’ai fait un bilan précis (en marchant sur des œufs mais en disant les choses) et rencontré plus tard le responsable des actions culturelles de la DISP qui pense qu’effectivement ce que je lui ai décrit pour Meaux « c’est un peu trop ». Ça ne se passe donc pas de la même façon partout, il dépend de multiple paramètres qu’une intervention soit bien organisée et bien suivie ou pas.
Toutefois, de ce que j’en retiens, il semblerait qu’en effet et à peu près partout, l’accès aux activités culturelles soit bien la dernière roue du carrosse de la Pénitentiaire, d’où qu’en beaucoup de cas, il faut des organisateurs et médiateurs prêts à lutter et être vigilants.
La question du droit culturel en prison se pose : comment faire en sorte qu’il soit appliqué ? (Il y a des collectifs sur ces questions) À Meaux, nous avons plusieurs participants qui ont abordé cette question sur tous ses plans.
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Concernant le travail artistique (dont TO) et les difficultés éventuelles en prison :
Trouver des moyens pour que les détenus ne se ré-enferment pas (parfois) dans la plainte, la situation de victime, ou parfois un seul registre de réflexion concernant la justice (dans sa procédure pour eux toujours injuste). C’est la raison pour laquelle nous essayons toujours d’avoir plusieurs registres de médiations artistiques permettant d’ouvrir le champ de réflexion. Il ne s’agit jamais d’empêcher une parole ou censurer une thématique, mais de voir comment ça peut aller au delà. Exemple, à Fresnes, des détenus un peu obsédés par les « faits divers » épouvantables qu’on lit dans les journaux ont finit par travailler sur la « vie adolescente » et tout ce qu’elle peut entrainer de traumatismes et violences si elle est mal vécue (oppression des adultes, éducation). On a même pu bosser avec du « Alice Miller » comme du « Kafka » (et interprétations de textes), en même temps que sur leurs souvenirs personnels.
Ou encore : la question du « comment tenir en prison » a pu amener des témoignages et une réflexion de fond sur la question de la « solidarité – qu’est-ce que c’est vraiment », de la responsabilité personnelle et familiale, etc. J’ai pas mal de souvenirs marquants, dont certains sont décrits dans des articles, je ne peux pas les citer ici.
Pour ma part, je trouve fondamental le travail qui peut se faire en prison, car plus que partout ailleurs on y rencontre l’humain mis en question, et les questions d’éthiques les plus cruciales. J’ai décrit la prison comme « un lieu métaphore de toutes les questions d’éthiques non résolues ».
Nicole Charpail
théâtre du Potimarron contact@theatrepotimarron.com
– Une association de familles de détenus organise un spectacle pour ses 10 ans. Nous mettons en scène les textes écrits par les familles. Question de l’intimité, des sorties… Spectacle joué à la prison, avec les familles présentes.
– Autre expérience : des élèves de 4ème sont venus jouer un spectacle de TF dans la prison.
Jacqueline.
Alternatives théâtre : alternative-theatre@live.be
Atelier hebdomadaire de 3h pendant 9 mois. Avec 8 à 12 femmes, peines longues. Spectacle prévu à la fin. Public : 40 personnes de l’extérieur et des femmes détenues. La correspondante qui a enclenché le projet est très présente, bien organisée. Thème : « femmes et prison ». Temps de partage de nourriture avant de commencer la séance. J’ai mené 27 séances sur 30 et…
On m’a ensuite retirée du projet qui remettait trop en cause l’organisation de la prison.
On avait pourtant essayé de trouver des détournements : une mise en scène allégorique, avec des animaux… Elles ont été empêchées de jouer, cela a été remplacé par un atelier d’écriture, et il a fallu que je mette en scène leurs lectures… Expérience difficile donc. Sara.
QUESTIONS A CREUSER
Le débat et les échanges continuent au gré de chacun.e sur la liste des particioants.
Outre les questions posées par Marie-Josée et Nicole dans leurs textes complémentaires, voici les points relevés à la rencontre d’octobre 17.
– Encore plus qu’ailleurs Il est très important de discuter le cadre avant l’intervention.
– La prison est un microcosme totalitaire. Comprendre ce qu’on (qui?) attend de nous, et mesurer ce qu’on peut réellement se permettre.
– La prison a besoin d’interventions extérieures, les détenu.e.s encore plus.
– Essayer de comprendre la dose de pouvoir qu’à la personne référente de l’intervention (quelqu’un du SPIP, service culturel, du service social.. ?
– Les gardiens : seront-ils présents ? Comment prennent-ils le travail supplémentaire d’aller chercher les détenus ?
-Longues peines, courtes peines, régime du travail, des activités : comprendre comment avoir un groupe stable… Sont-ils volontaires ?
-Durée : 10 séances ce serait trop court ? Certains pensent que oui.
Documents et contacts :
Thèse de Bernard Petitgars, passé en prison 11 ans, sur l’institution totale et poreuse qu’est la prison. Demandeur pour rencontres et échanges. Clément (sociologue, membre du Réseau) le connait bien:clement.poutot@unicaen.fr
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